MGMT

MGMT

Columbia – 2013
par Jeff, le 27 septembre 2013
6

Si l’influence d’Oracular Spectacular sur tout un pan de la musique indie moderne est indéniable et encore palpable aujourd'hui, ceux qui en ont probablement le moins profité (artistiquement parlant il s’entend) sont les auteurs du disque, à savoir la paire Ben Goldwasser / Andrew VanWyngarden. Deux petits génies de la folk-pop moderne sous perfusion psyché, bien dissimulés derrière des looks de branleurs invétérés, et dont l’efficacité du songwriting sur une paire de singles imparables continue probablement de torpiller les ambitions artistiques.

Car contrairement à ce qu’aimerient croire beaucoup de gens, MGMT vaut bien mieux que « Kids » et « Time to Pretend ». C’est d’ailleurs ce que les deux Américains ont probablement voulu démontrer sur Congratulations, un album sans single pour les radios, qu’ils dénigrent régulièrement en interview aujourd’hui (torché à la va-vite, au terme d’une tournée marathon, probablement poussé par un label trop heureux de pouvoir faire tourner la machine à billets), mais dont les qualités sont pourtant nombreuses.

Pour ce troisième effort, MGMT semble avoir pris le temps de bien faire les choses, histoire de nous livrer un disque qui leur ressemble vraiment. Et le constat que l’on retire des écoutes répétées de ce disque éponyme, c’est qu’Oracular Spectacular avait tout de l’heureux accident de parcours dans une carrière bien plus transversale qu’une signature sur la major Columbia ne pourrait le laisser penser. En effet, MGMT a tout du projet qui s’inscrit dans la continuité de Congratulations, avec de l’expérimentation en pagaille et une volonté évidente de ne pas pondre un titre imparable qui éclipserait le travail d’ensemble. L’intention est forcément louable, mais quelque peu mise à mal par la qualité générale d'un album bien trop brouillon et trop peu inspiré que pour nous convaincre du bien-fondé de la démarche.

Car là où on attendait de MGMT un album aux visées psyché pleinement maîtrisées et joliment pop aux entournures, on se retrouve avec un disque au souffle court, qui ne brille que par intermittences (le groove élastique de « Alien Days » et les menaçants « Cool Song No. 2 » et « Mystery Disease » notamment) et dont les meilleurs titres semblent avoir été placés en ouverture de disque histoire de ne pas décourager d’emblée un auditeur probablement dubitatif après un Congratulations déconcertant. Evidemment, entre des attentes peut-être démesurées et un inspiration parfois en congé maladie, cela fait beaucoup pour un seul et même disque, qui a surtout pour mérite de placer définitivement MGMT dans une catégorie un brin inférieure à celle dans laquelle on les avait propulsé à l’époque du premier disque. Comme si la route était encore longue pour un groupe dont d’aucuns pensent qu’il n’a plus rien à prouver. Vraiment ?

Le goût des autres :
5 Maxime 5 Amaury L