Little Joy

Little Joy

Rough Trade – 2008
par Jeff, le 4 février 2009
7

Si on a parlé plus que suffisamment du deuxième effort du guitariste des Strokes, Albert Hammond Jr, et que le plan marketing entourant la sortie du disque de Little Eye, le projet solo du bassiste Nikolaï Fraiture, tourne à plein régime, la parution du premier album de Little Joy, le combo du batteur Fabrizio Moretti, est passée pour ainsi dire inaperçue. Pourtant, à l'instar de son collègue guitariste au sein de la formation new-yorkaise, le projet de Moretti est signé sur Rough Trade, le label londonien au nez extrêmement fin (Emiliana Torrini ou Adam Green) et dont on parle généralement à peu près partout des sorties. Alors, un mauvais disque de la part de cette formation composée de Moretti, de sa girlfriend Binki Shapiro et du guitariste-chanteur Rodrigo Amarante, (in)aperçu au sein des Los Hermanos ? Pas vraiment en fait. Cette absence honteuse de couverture est plutôt due à la timidité quasi maladive qui semble habiter l'album du frappeur de fûts du plus cool des groupes new-yorkais. Et c'est fort dommage, car derrière des ritournelles en apparence sans prétention se cachent quelques magnifiques pépites de folk pop gorgée de soleil – somme toute logique quand on apprend que le groupe est le fruit de la rencontre de Moretti et d'Amarante lors d'un festival lisboète.

Enregistré dans une décontraction qui contraste avec la pression exercée par les fans des Strokes pour que le groupe revienne aux affaires (le mi-figue mi-raisin First Impressions On Earth date quand même de 2006), le disque de Little Joy est quasi exclusivement composé de ritournelles feutrées (il y a bien l'ultra stroksien "Keep Me In Mind" pour nous contredire) et se plaisant à jouer sur la dualité vocale Amarante / Shapiro, Moretti se limitant aux chœurs. Ca chaloupe, ça balance et ça valdingue à tous les étages, que les guitares sèches ou électriques soient de sortie, venant nous confirmer au passage que les Strokes ne se limitent pas au seul Casablancas et à son acolyte à la touffe chatoyante.  

Comme le cocktail qui a donné son nom au groupe, le premier effort de Little Joy viendra peut-être grossir les rangs de cette catégorie de disques qui sont autant de plaisir éphémères et qu'on a vite fait d'oublier rapidement après leur sortie. Qu'importe finalement, tant que le plaisir est là. Et comme tout bon cocktail qui se respecte, l'abus est déconseillé et sa consommation doit se limiter à quelques moments bénis par la bonne humeur et la franche camaraderie. Et à ce petit jeu, l'album de Little Joy se révèle être un remède efficace contre la morosité. Allez, santé!

Le goût des autres :
6 Splinter