Liquid Love

Shy Child

Wall of Sound – 2010
par Gwen, le 23 mars 2010
4

Caracolant sur les boulevards, l'air mutin et le nez au vent, l'amateur de frais refrains a soudain le lobe d'oreille qui frétille. A quelques pas, une petite chose vibre sur le pavé. Notre quidam, loin d'être effarouché, s'approche et contemple l’éclat de l’emballage, s'interroge sur son contenu. Satisfera-t-il cette curiosité qui le consume? La chance récompensera-t-elle toutes ces années de dévotion musicale? Ah, ben non. C'est une merde. Notre sujet est colère et trahison. Mais qui sont les malappris responsables de ces déjections eighties qui jonchent nos trottoirs auditifs?

Armés d’une batterie et d’une keytar (remercions au passage les Flight of The Conchords d’avoir ressuscité avec doigté cet objet élégant…), Pete Cafarella et Nate Smith trimballent depuis une dizaine d’années un électro-rock sommaire mais méchamment couillu. Sans complexe ni prétention, ils avaient entre autres accouché d’un déluré "Noise Won’t Stop". Pour leur quatrième album, le duo change son fusil d’épaule et se tire une balle dans le pied. 

En cherchant à faire onduler des hanches, Shy Child accumule tous ces effets irritants et périmés qui n’ont pas cessés d’être ingurgités, digérés et expulsés avec un mauvais goût variable. Avec quelques longueurs de retard, ceux-ci viennent nous servir une douteuse ratatouille de MGMT (sans les plumes ni les petites pilules colorées), de Chromeo (sans le sens de l’humour ni le veston blanc Miami Vice), de Klaxons (sans les klaxons) et de Scissor Sisters (sans les scissors et sans les sisters). Indécente contrefaçon de ces derniers, on pourra entendre Cafarella parodier l’organe pailleté de Jake Shears sur "Open Up The Sky", pour citer un exemple parmi d’autres. Depuis leur cabine de bronzage, les Bee Gees rescapés peuvent donc être tranquilles en ce qui concerne la perpétuation de leur patrimoine vocal… La boule noire Motus est sans conteste piochée par le batteur qui passe de féroce ferrailleur au métronome rouillé. 

Dans ce disco visqueux que déverse Liquid Love, on pourra néanmoins sauver l’intro du titre d’ouverture, le refrain plutôt habile du single “Disconnected” et le lancinant “Criss Cross” qui s’achève sous de faux airs de Midnight Juggernauts. 9 minutes et 36 secondes, pour être exact. En refermant la boîte, l’amateur de frais refrains espère encore qu’il ne s’agissait que d’une déviation maladroite avant de revenir sur une piste moins marécageuse.

Le goût des autres :