Lightbulbs

Fujiya & Miyagi

Full Time Hobby – 2008
par Jeff, le 16 octobre 2008
6

A l'écoute des deux premiers titres de Lightbulbs, le nouvel album de Fujiya & Miyagi, il est une question que tout auditeur familier avec le groupe anglais est en droit de se poser: ils seraient pas un peu en train de se payer notre tronche les mecs?

En effet, difficile de ne pas établir un parallèle évident entre les binômes « Knickerbocker » / « Uh », titres d'ouverture de ce troisième opus, et « Ankle Injuries » / « Collarbone », magnifiques ritournelles placées en ouverture du délectable Transparent Things. Parce qu'à l'arrivée, très peu de choses séparent ces quatre titres: là où, sur « Ankle Inuries », David Best ânonnait de sa voix monocorde des volées de 'Fujiya, Miyagi' sur une rythmique électro enjouée, ces patronymes exotiques ont été remplacés par 'vanilla, strawberry' sur « Knickerbocker ». Quant à « Uh », il reprend à peu de choses près la structure mélodique délicate de « Collarbone ».

Évidemment, on sait que les groupes enclins à tirer parti d'une formule s'étant révélée payante sont légion, mais ici, d'aucuns crieront à la facilité et à l'opportunisme. Néanmoins, aussi tatillons et difficiles puissions-nous être, il serait malvenu de ne pas reconnaître à ces deux titres un potentiel de séduction énorme qui rappelle à quel point la formation de Brighton sait jouer de ses influences krautrock pour imprimer à des titres aux basses rondelettes et aguicheuses une dimension hypnotique qui vous monte rapidement à la tête.

Ceci étant, il serait dommage de nous arrêter à ces deux titres et de ne pas poursuivre notre écoute d'un Lightbulbs très attendu. A l'évidence, le trio devenu quatuor (le batteur Lee Adams est désormais un membre à part entière du groupe) sait où il veut aller et affiche une belle connaissance des ingrédients qui lui permettront d'atteindre son but. Comme c'était déjà le cas sur Transparent Things, les gars de Fujiya & Miyagi ne privilégient pas le caractère instantané des mélodies et préfèrent élaborer des plages aux grooves apaisants, qui caressent dans le sens du poil les amateurs d'une électro-pop toute en décontraction et qui se plaît à intégrer les aspects les moins abscons et expérimentaux des influences revendiquées par le groupe (Can, Neu! Ou encore Aphex Twin).

Toutefois, et malgré quelques morceaux extrêmement bien ficelés, il apparaît rapidement que ce Lightbulbs est beaucoup moins efficace et percutant que son prédécesseur qui, en quelques écoutes à peine, était parvenu à convaincre. Et, chose plutôt paradoxale, on en revient alors à regretter que le groupe n'ait pas continué cette entreprise de recopiage dont les deux plus beaux exemples se trouvent en ouverture de disque.

Le goût des autres :
6 Simon 5 Nicolas