L'homme du moment

Alexis HK

Labels – 2004
par Claire, le 20 avril 2004
8

Si je vous parle d’un jeune auteur-compositeur-interprète français, qui dresse dans ses albums des galeries de portraits douces-amères, avec une gouaille troublante, vous pensez à qui ? Bénabar ? Vincent Delerm ? Rangez vos préjugés et écoutez donc Alexis HK. Une voix ronde à la Dick Annegarn, une adulation avouée de Georges Brassens (la reprise brésilo-carnavalesque de “Le gland Pan” n’en étant qu’un des indices, le plus évident de tous), des petits signes rappelant Thomas Fersen ou Jacques Higelin, des mélodies douces et accrocheuses, orchestrées à la flûte et à l’accordéon, à la guitare acoustique parfois soutenue par quelques cordes, et ces textes… ah ! ces textes !

Beaucoup de portraits taillés au vitriol, de tranches de vies souvent racontées à la première personne. C’est ainsi qu’on croise dans le hall de la gare Saint Lazare un travesti se rendant chez ses parents pour faire son “Coming out”, qu’un membre de l’intersyndicale de défense des chaises longues, rentrant plus tôt que prévu dans l’appartement familial, déboule en pleine orgie (“Tandis…”), qu’on compatit sur le sort d’un pauvre chien aliéné par sa laisse en cuir (“Chien de vieille”), qu’on se retrouve à bruncher sur un canapé beige, (…) à Paris en Norvège (“Norvège”)… C’est ainsi qu’on se surprend à arrêter toute activité pour écouter plus attentivement ces chansons qui s’égrainent doucement à notre oreille. Et cette attention est récompensée puisqu’alors on se rend compte que les histoires qu’Alexis nous dévoile comme s’il était là, à côté de nous, ne racontent pas ce qu’elles semblent raconter ; qu’un petit clin d’œil textuel vient bouleverser tout ce qu’on avait cru comprendre.

Nul doute qu’Alexis HK n’est pas que l’Homme du moment et qu’il aura dans un futur qu’on espère proche encore plein de choses à nous dire, avec cette tendresse qui le caractérise déjà.