Kelly Lee Owens

Kelly Lee Owens

Smalltown Records – 2017
par Yann, le 21 mai 2017
6

On lit beaucoup de chose sur Kelly Lee Owens, la protégée de Daniel Avery et Ghost Culture. On entend citer le spectre de l'Ellen Allien des débuts, des influences dream pop ou ambient. Son premier disque doit pourtant avant tout s'écouter sans l'intellectualiser: on y découvre alors 10 morceaux d'une simplicité désarmante.

Avec un bon 8/10 chez Pitchfork, et des dates prévues cet été dans les Mecques du cool comme Primavera, ou à We Love Green, on pourrait facilement considérer la Galloise comme le "nouveau phénomène de la musique électronique". C'est d'ailleurs ce que font nos amis des Inrocks. Pourtant, il faut bien l'admettre, il n'y a pas grand chose de nouveau chez Kelly Lee Owens. Reste qu'il s'agit d'un premier disque d'une ambitieuse simplicité, et qui se heurte aux limites de ses choix.

Et quels sont-ils, ces choix? Des sons très simples, qu'on pourrait croire directement tirés de la bibliothèque de sons de Logic Pro. Des morceaux à la construction enfantine, sur lesquels la voix de Kelly, tout aussi enfantine, vient déclamer des paroles minimalistes. On peut évidemment déceler des influences dans sa musique, mais c'est comme si elle avait fait le choix de n'en tirer que les éléments les plus consensuels pour les rendre moins présentes. Il en résulte un patchwork qui pourra faire penser à du trip-hop qui marque parfois le beat à la manière de l'école berlinoise B-Pitch Control.

On en ressort avec un album direct, simple, agréable, mais sans profondeur et peut-être trop consensuel pour pouvoir survivre à l'été. Même les deux collaborations, alléchantes sur papier (Jenny Hval sur "Anxi."; Daniel Avery / James Greenwood sur "Keep Walking"), n'apportent pas de réelle ampleur à ces titres, limités comme tous les autres par un manque de richesse. Finalement, c'est sans doute dans les morceaux qui vont le plus loin dans la simplicité qu'on prend le plus de plaisir - "Evolution" et son beat grossier; "Birds" et sa boucle désarçonnante.

Difficile de savoir où cet album va mener Kelly Lee Owens. S'agissait-il d'un véritable manifeste stylistique dans lequel elle va pouvoir se développer? Ou juste un coup de bluff qui tombe au bon moment? Peut-être en saura-t-on plus après l'avoir vue en cet été en festival. Même s'il faudra rapidement confirmer si elles souhaite s'y retrouver l'année prochaine.

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