Isbells

Isbells

Zeal Records – 2009
par Jeff, le 3 mai 2010
8

Derrière le pseudonyme Isbells, on trouve en fait Dean Morrison, un jeune barbu bien décidé à faire parler de lui, tout perdu qu'il est au fin fond de son Wyoming natal. On pourrait penser que vu le calme plat qui règne dans cet état américain dont tout le monde se fout royalement, l'ami Dean aurait tout intérêt à faire hurler les guitares ou parler les infrabasses. Pourtant, le jeune garçon a préféré opter pour la guitare sèche et quelques épars arrangements, dans la plus pure traditions de ces grands folkeux ricains qui chantent la solitude et les grands espaces comme personne. Initialement signé sur la petite structure Homefield Recordings, il n'aura pas fallu longtemps pour que les ballades attachantes de Morrison se propagent sur la toile et parviennent jusqu'aux oreilles d'un certain Ben Swanson, qui n'est autre que le fondateur du prestigieux label Secretly Canadian. On ne va pas vous faire un dessin: avec un effectif qui compte en son sein des sommités comme Damien Jurado ou Jason Molina, on peut avoir pleinement confiance en la capacité du label à nous dégotter la nouvelle perle folk qui affolera les compteurs dans les mois à venir.

Franchement, il donne envie ce premier paragraphe, non? Secretly Canadian, un américain barbu, les grands espaces et tout le tintouin, ça fait rêver dans les chaumières européennes. Pendant un instant, vous y aussi avez cru n'est-ce pas? N'ayez crainte, nous aussi, c'est l'histoire un peu folle que l'on s'est racontée en insérant pour la première fois le disque d'Isbells dans le lecteur. Dès les premières notes du magnifique « As Long As It Takes », ce sont les noms de Bon Iver et Fleet Foxes qui ont résonné dans notre petite tête, et certainement pas celui de Gaëtan Vandewoude, musicien flamand de 31 piges qui, avec son projet Isbells, frappe néanmoins un très joli coup. En effet, sur ce premier album éponyme, difficile d'invoquer un quelconque sentiment d'infériorité qui plombe nombre de productions européennes qui se rêvent américaines: le groupe, puisque Vandewoude est accompagné de trois acolytes, remplace ici le trop plein de respect par une légèreté et une aisance dans l'exécution qui confèrent à ces neuf compositions une charme assez irrésistible. Maître dans l'art de la comptine folk tout en délicatesse et de la mélodie fragile, Isbells nous livre un album plein de maturité, qui emprunte certes quelques trucs aux meilleurs songwriters folk d'outre-Atlantique, mais sans jamais donner l'impression que cela relève de l'opportunisme pur et simple. Honnête dans sa démarche et irréprochable dans son exécution, ce premier disque mérite forcément qu'on s'y attarde. Mais il mérite surtout qu'on le fasse avec autant d'attention que la dernière sortie en date signée Secretly Canadian, parce que c'est bien dans ces hautes sphères du folk qu'évolue Isbells.

Le goût des autres :
7 Nicolas