In The Catacombs of Time

Malist

Northern Silence Productions – 2019
par Simon, le 19 février 2019
7

Indépendamment de toute considération musicale, j’éprouve un respect tout particulier pour les « groupes » de black metal évoluant sous la forme de one-man band. Si la formule est populaire dans ce genre, elle n’en demeure pas moins casse-gueule pour la cause. Étant moi-même à peine capable de jouer les trois premières notes de guitare de « La ballade des gens heureux », j’imagine le bordel qui doit régner dans la tête des sinistres gargouilles qui se mettent en tête de se charger tous seuls de la composition et de l’enregistrement d’un combo basse-batterie-guitare-synthé-voix. De Malist nous ne connaissons rien, excepté qu’il s’agit d’un one-man band russe et que c'est là son premier enregistrement. Difficile de faire plus opaque. Dans ces circonstances, le risque de déconvenue est maximum, et pourtant.

Et pourtant, In The Catacombs of Time est une des très grosses surprises de ce début d’année. Malin au moment de choisir son obédience, Ovfrost décide de piocher allègrement dans ce que les courants dépressif, atmosphérique et nordique ont de meilleur à offrir. Un choix qui colle bien avec la tendance de la scène métal à tout hybrider. Mais punaise, c’est fin. Les cinquante minutes de l’album alternent magnifiquement entre des ruées épico-sataniques gavées de blast beats rigides, de complaintes magnifiquement balancées à la lune, des arpèges aux gimmicks entêtants et une chiée de passages heavy. La production est un véritable délice (une prouesse pour un mec jouant seul et n’ayant aucun antécédent connu), allant jusqu’à révéler des parties de guitare basse qui nous caressent dans le sens du poil de chauve-souris, des séquences de batterie tout sauf connes entre deux matraquages et une ampleur lyrique de haute tenue.

Finalement, In The Catacombs of Time symbolise à merveille la ligne très fine qui sépare le disque de black metal générique et joliment chiant de la véritable épopée cathartique. Les ingrédients ont beau être sensiblement les mêmes, les codes ont beau ne jamais vouloir changer, l’intelligence de jeu et l’allant dans la composition feront toujours la différence et s’imposent ici comme une évidence. On ne fera aucun plan sur la comète en ce qui concerne Malist – après tout la scène métal dans son ensemble révèle chaque jour des dizaines de nouveaux groupes de qualité, mais il n’empêche que In The Catacombs of Time résonne comme un début de carrière plus que prometteur, et comme un projet à suivre très attentivement.