I Am Not a Human Being II

Lil Wayne

Cash Money Records – 2013
par Jeff, le 9 avril 2013
7

Lil Wayne est une star planétaire. Et comme toute star planétaire qui se respecte, Lil Wayne vous emmerde royalement. Envie de sortir un album de rap-rock qui pue du slibard ? Envie de faire signer les morts-vivants de Limp Bizkit sur Cash Money Records ? Envie d’apparaître en featuring sur environ 90% des grosses sorties estampillées rap US ? Oui, c’est possible. Evidemment, on pourrait tout pardonner à Weezy si il avait au moins la politesse de nous servir de bons albums. Malheureusement, depuis Tha Carter III et ses millions de copies écoulées en 2008, le fan lambda du natif de la Nouvelle-Orléans tire méchamment la gueule. A un point tel qu’il considère aujourd’hui Lil Wayne comme une sorte d’animal de foire, une pièce de musée bigger than hip hop, un type pqui a perdu le contrôle sur ce qu’il est et ce que l’on attend de lui. Face à un tel constat, les occasions de se réjouir ne sont donc pas légion et le moindre regain de forme est accueilli comme une bonne nouvelle.

On va quand même commencer par ce qui cloche sur I Am Not a Human Being II. D’un point de vue strictement lexical, on a rarement vu Lil Wayne aussi peu à la fête. En effet, entre le recyclage de ses habituels tics vocaux et un niveau de créativité qui frise souvent avec le ridicule, on se demande régulièrement ce qu’il est advenu de celui qui s’était auto-proclamé best rapper alive. Ce constat est d’ailleurs mis en évidence dès le premier titre, porté par le seul piano du jazzman ELEW, et qui aurait dû permettre à Lil Wayne de nous livrer un show éblouissant de sincérité. Ensuite, il y a ce sentiment, présent depuis plusieurs années sur n’importe quelle production de Lil Wayne: que le mec est en totale roue libre, s’autorisant un tel dilettantisme par ses seuls exploits passés. Un peu comme si Tha Carter II et Tha Carter III avaient été autant de passeports pour le grand portenawak et le je-m’en-foutisme le plus total. Et de fait : là où un type comme Lil Wayne se devrait d’éclabousser la concurrence de son talent, il s’abaisse ici à son niveau. Et même si on ne remettra pas en cause les qualités d’un Drake, d’un Future ou d’un 2 Chainz, il ne faut pas s’appeler Olivier Cachin pour savoir qu’un Weezy au sommet de son art doit à peine forcer son talent pour renvoyer ces jeunes gens à leurs chères études.

Et pourtant. Et pourtant, il y en aura pour tomber sous le charme de ce disque et votre serviteur fait partie de cette masse pas toujours regardante sur la qualité. Car malgré tous les défauts cités un peu plus haut (et peut-être grâce au fait que le francophone de base n’y pige que dalle à l’Anglais des rappeurs US), on se retrouve facilement dans les logorrhées verbales de Lil Wayne, les productions tapageuses, les featurings en pagaille (on croise même Jamie Lidell sur le plaisir coupable mielleux qu’est « Back to You ») et le sentiment général que I Am Not a Human Being II, avec sa volée de tubes confirmés ou potentiels, est comme certains de ces blockbusters hollywoodiens que l’on voudrait tant abhorrer, sans qu’on y arrive vu l’incroyable efficacité de cette machine si bien huilée. Pur produit de consommation à l’américaine, I Am Not a Human Being II donne, au même titre que n’importe quel disque de Rick Ross, une photographie de ce qu’est le rap US à gros dollars en 2012. Avec ses défauts et ses qualités. A prendre ou à laisser donc.

Le goût des autres :
5 Tristan