Howlin

Jagwar Ma

Marathon Artists – 2013
par Jeff, le 29 juillet 2013
6

Si personne n'a vraiment de problème à lâcher quelques euros pour s'offrir l'un des habituels 'romans de l'été' (soit ces trucs qui ressemblent à de nombreux autres parus bien avant eux), il en est tout autrement dans le monde de la musique. Dans une industrie où le téléchargement facilite la vie et permet de limiter ses investissements aux gros coups de cœurs ou aux valeurs archi-sûres, il n'y a plus vraiment de place pour le chouette petit groupe dont on aura probablement oublié l'existence douze mois plus tard. Pourtant, c'est aujourd'hui dans cette catégorie plutôt ingrate que l'on aurait tendance à reléguer les Australiens de Jagwar Ma. Car il faut bien avouer que tout roule aujourd'hui pour le duo formé de Jono Ma et Gabriel Winterfield: de chouettes singles, une tournée européenne en compagnie de Foals ou encore la bénédiction du NME sont autant de signes qui poussent à l'enthousiasme béat autant qu'à la méfiance. En même temps, on comprend que le magazine anglais s'emballe pour Jagwar Ma, tant on n'a rarement vu un groupe australien bouffé par les tics anglophiles. En effet, le lad de base gardant encore aujourd'hui une jolie place au soleil pour les hérauts de la Madchester dont les tubes sont devenus de véritables hymnes que l'on beugle la gueule pleine de lager, on comprend qu'il fonde pour cette musique qui rend une hommage très appuyé à quelques grands disques de la musique britannique moderne – du premier Stones Roses au Screamadelica de Primal Scream en passant par le Thrills, Pills & Bellyaches de ces cramés du bulbe des Happy Mondays. Mais limiter Jagwar Ma à un simple copier-coller d'une époque bénie des dieux de l'aciiiiiiiid serait un peu réducteur: car ces revivalistes dans l'âme sont doublés d'étudiants studieux à l'école de la pop (les mecs connaissent leur discographie des Beach Boys sur le bout des doigts), de grands amateurs de house (on ne s'étonne d'ailleurs pas de croiser un certain Ewan Pearson aux manettes) et de fins analystes des tendances actuelles – comment ne pas retrouver en filigrane de ces onze pistes le psychédélisme cher aux compatriotes de Tame Impala. Après, il ne faut voir derrière ces dithyrambes en pagaille qu'un emballement pour un disque taillé sur mesure pour se dire qu'on aimerait bien prendre un peu de LSD histoire de revivre la folie des plages d'Ibiza pendant le second Summer of Love. Pour le reste, on tient dans Howlin' un bel exercice de courbettes intelligemment réalisées, et dont on risque fort de se lasser une fois les beaux jours passés. Par contre, prétendre que la petite cinquantaine de minutes passées en compagnie du duo est source d'ennui relèverait d'une certaine mauvaise foi dans le chef d'une rédaction qui espère juste que le buzz engendré par cet album ne marquera pas le retour des codes vestimentaires douteux propres à l'époque qui l'a inspiré.

Le goût des autres :
9 Amaury L