Home. House. Hardcore

Head High & WK7

Power House – 2015
par Jeff, le 4 juin 2015
8

L'inner circle d’Ostgut Ton est finalement assez restreint. Autour des leaders naturels que sont Ben Klock et Marcel Dettmann, on retrouve une dizaine d’âmes. Et Shed fait partie de ces artistes qui ont aidé à façonner l’identité du club et du label, avec des sorties à l’esthétique assez codifiée – voilà le genre de dégâts que peut causer cette mécanique de précision d’une rare froideur.

Mais on sait ces gens suffisamment talentueux pour ne pas vouloir évoluer en dehors du cadre assez rigide imposé par la structure. Et le dernier à nous le prouver est René Pawlowitz. Quand il n’est pas Shed, René Pawlowitz revêt les costumes de Head High et WK7, deux incarnations qui posent sur son label Power House depuis quelques années maintenant. Mais soyons honnêtes : vu l’omniprésence et l’omnipotence de la clique Berghain / Panorama Bar sur l’actuelle scène électronique, on comprend que les sorties plus confidentielles de Power House vous soient passées sous le nez.

Probablement conscient de cette situation, Pawlowitz a opté pour un format qui ravira les lapins de neuf jours, mais peut-être pas les fans de la première. En effet, quoi de mieux qu’une compilation mixée pour faire le point sur cinq années de sorties sous alias – avec l’une ou l’autre nouveauté dans le lot, en guise de valeur ajoutée. Ici,  les claviers transpirent la MDMA, la basse est sèche comme ou coup de trique, les hi-hats saturent, les kicks taclent, et l’ensemble pue les raves interminables dans des hangars crasseux de la banlieue berlinoise; ces soirées où l'on baigneau milieu d'une faune interlope, où les punks à chien communient avec les hipsters et les filles à papa qui se dévergondent.

Qu’on se le dise : cette techno-là se fout du sound-design ou de la beauté de la production. Son seul et unique but est d’envoyer la purée dans un délire un brin nostalgique. Et quand la qualité du matériel de base est combinée à la science de l’enchaînement de Shed, cela donne un Home. House. Hardcore plus efficace qu’un dribble de Messi sur Boateng. No balls, no glory, my friend.