Goodyear Television Playhouse

Zucchini Drive

2nd Rec – 2008
par Simon, le 28 février 2008
8

Si l’année 2007 fut pour le hip-hop indé une période relativement creuse, il ne fait aucun doute que les rares productions de qualité suffirent à assurer le maintien au top de ce genre dit en perdition. En effet, les défricheurs fous qu’ont pu être El-P, Shape Of Broad Minds ou encore Subtle ont assuré avec succès une permanence difficile. Ce qui nous encourageait à espérer pour cette année un véritable réveil de la scène abstract/indé, et cela commence plutôt bien avec l’arrivée dans les bacs du deuxième album de Zucchini Drive, formation composée de Siaz, du combo belge Cavemen Speak et de Marcus des Suédois de Stacs Of Stamina.

Après un album de la trempe de Being Kurtwood, il ne faisait aucun doute que le retour au premier plan de Zucchini Drive, définitivement le groupe à suivre il y a deux ans, s’annoncerait fracassant. Le duo cultive avec toujours autant d’aisance la singularité qui fut la sienne deux ans plus tôt, diffusant de manière savante un mélange inédit de hip-hop, post-rock et electronica. Un regroupement des genres plutôt casse-gueule penseront les plus prévenants d’entre vous, mais qui suscite toujours autant d’excitation à en entendre les onze titres de ce Goodyear Television Playhouse décadent. Dans son projet d’abolition des frontières qui compose sa musique, Zucchini Drive emprunte le meilleur de ces trois genres pour former un condensé unique en matière d’innovation musicale, avec comme maître à penser un idéal sonore souvent proche du label californien Anticon. Exit donc les phrasés hachés propre à la stricte définition du hip-hop, le duo engendre ici une palette de groove vocaux acrobatiques, de flows chantés qui font mouche en toute situation. Les productions, même si ce terme semble désuet au regard du travail fourni par les deux lascars, se déclinent en onze bulles colorées, travaillées à l’extrême entre guitares hémorragiques, pianos mélancoliques et boîtes à rythmes millimétrées (« Bunny Love » ou encore le terrible « Hairstyle Like Hers »).

Avec ce deuxième album, Zucchini Drive affirme un peu plus sa position d’incontournable du genre, si seulement un genre pouvait les encadrer. On pourrait ainsi parler de « post-hop », ou peut-être de « hip-pop », quoique ces dénominations semblent ma foi bien grossières pour un résultat aussi raffiné et ambitieux que celui fourni par cette association de surdoués. Sans la moindre once d’hésitation, je vous conseille vivement ce disque, histoire de croire encore à l’idée que le hip-hop est moins un genre qu’une attitude générale. Chapeau bas.

Le goût des autres :
7 Julien