Giant

Herman Düne

Source Etc. – 2007
par Jeff, le 27 avril 2007
7

Alors que la presse traditionnelle française s’est emparée depuis plusieurs mois du « phénomène » Herman Düne, c’est avec pas mal de retard que la Belgique découvre Giant, le nouvel opus de l’excellent groupe franco-suédois. Enfin, parler de découverte dans le cas de Herman Düne est tout sauf un terme adéquat. En effet, bien que de nombreuses personnes ne connaissent le groupe que depuis peu, cela fait bientôt dix ans que les frères Düne sont les chouchous des webzines et traînent leurs frimousses velues aux quatre coins du globe. Jouant là où veut bien d’eux, ils sont devenus au fil du temps et des CD-R l’une des figures de proue du mouvement anti-folk. Toutefois, depuis le précédent (et excellent) Not On Top, Herman Düne semble avoir changé son fusil d’épaule et troqué ses compositions dépouillées pour des instrumentations un tantinet plus fouillées. C’est d’ailleurs ce virage pour le moins inattendu qui a permis au groupe de signer avec Source Etc., un label appartenant au géant EMI, et de s’offrir le luxe de retravailler à l’envi les compositions de Giant.

Comme son prédécesseur, Giant est composé pour une moitié de compositions d’André (qui a depuis décidé de ne pas accompagner le groupe sur la tournée et de laisser planer le doute quant à sa future implication au sein du groupe) et pour l’autre de titres de David-Ivar. Et tout comme Not On Top, il a été enregistré dans des conditions live. Bien que sur ce nouvel album, le travail de production se fasse clairement ressentir, l’aspect naturel et instantané des compositions qui rend le duo si attachant a réussi à être préservé. Car si le processus d’écriture n’a que peu évolué, c’est en ne lésinant pas sur les arrangements (cuivres, chœurs féminins et section rythmique relevée par les percussions du Docteur Lori Schönberg) que le groupe s’est mis à dos nombre de fans de la première heure, ces derniers regrettant le virage « pop » entamé par le groupe sur ses deux dernières productions.

Heureusement, tout cela n’empêche pas nos deux frangins d’accoucher d’un album d’une fraîcheur et d’une simplicité à toute épreuve flairant bon les 60’s. Les mélodies douces-amères de David-Ivar et l’écriture plus sombre et mélancolique d’André se croisent et s’entremêlent pour notre plus grand bonheur, évoquant tantôt l’intimisme des débuts, tantôt des contrées éloignées – on pense notamment à l’Afrique ou aux Caraïbes. Toutefois, la nouvelle formule élaborée par Herman Düne sur Giant montre également ses limites. Aussi revigorante puisse-t-elle être aux premiers abords, elle peut également se révéler légèrement fatigante sur la longueur, comme en témoignent plusieurs titres anodins et mal fagotés qui se perdent sur la seconde moitié du disque.

En suivant une voie qui n’est pas sans rappeler celle empruntée par Adam Green depuis Gemstones, Herman Düne a déclenché la colère de certains fans de la première heure qui ont aujourd’hui la désagréable impression que leur joujou préféré est en train de leur filer entre les doigts. Mécontents de devoir le partager avec une nouvelle vague d’adeptes qui ne connaissent pour ainsi dire rien du groupe, ils devront cependant faire contre mauvaise fortune bon cœur et se borner à reconnaître les nombreuses qualités de cet album aussi inhabituel que recommandable.

Le goût des autres :
7 Nicolas