Get Rid!

Robots in Disguise

Recall – 2004
par Splinter, le 11 novembre 2004
8

Ceci n’est pas un scoop : en plus d’avoir un goût particulièrement douteux, les deux filles qui se cachent derrière les Robots in Disguise sont complètement timbrées ! Leur premier album, sorti en 2001, nous avait déjà donné l’occasion de nous en rendre compte et de nous en délecter. Paroles déglinguées, interprétation hystérique (cf. la délirante et incontournable "Argument") et pochette laidissime ont aiguisé la curiosité des amateurs d’electro-punk masochistes au point d’attendre avec une impatience non feinte un second LP que l’on espérait secrètement dans la même veine.

Précédé d’un premier single surprenant et ouvertement dance, "The DJ’s got a Gun", Get Rid! enfonce le clou par rapport à son grand frère, dont il fait directement suite. C’est bien simple, il le surclasse sur tous les plans. Tout y est "plus" : la pochette, d’abord, miraculeusement encore plus laide, mérite incontestablement de figurer au panthéon des jaquettes les plus affreuses de tous les temps avec celles des albums de Pavement. Les paroles, ensuite, encore plus détraquées et ouvertement salaces ("I’m a twat / I’m a bag / I’m a cunt / I’m a shag" sur "Girl"). L’interprétation encore plus débridée (au programme, cris et gémissements sur tous les morceaux, et notamment sur "Voodoo"). Et, le meilleur pour la fin, les musiques encore plus rétro-kitsch et orientées vers les dancefloors !

Ainsi, s’ouvrant sur l’échevelée "Girl", comme un écho au "Boys" du précédent album, Get Rid! ne relâche que très rarement la pression. Gros beats, ambiance 80s et boule à facettes pleinement assumée, la musique et le chant exhubérant des Robots in Disguise ne s’embarrassent d’aucune gêne ni retenue pour, au final, plus de plaisir éhonté. En plus du single précité, l’album regorge de hits potentiels, comme "Voodoo" ou encore "La Nuit", titre en français dont les bips bips lorgnent sans complexe du côté des premiers Depeche Mode (et en particulier de "Shake the Disease").

Chris Corner, qui a produit, enregistré, mixé, en un mot "pondu", cet album, témoigne encore une fois de son intelligence rare dans le recyclage. Le leader des Sneaker Pimps s’est amusé à marquer cet opus de son empreinte indélébile, grâce aux sons robotiques et complètement datés caractéristiques de sa patte, utilisés ici jusqu’à plus soif, jusque dans l’excellente reprise du "You really got me" des Kinks ! Au final, cet album peut être considéré comme la seconde partie d’un diptyque entamé avec le brillant Kiss + Swallow de IAMX, dont il constitue le versant féminin, voire féministe.

Ceci n’est pas un scoop : les Robots in Disguise sont un groupe à part dans le paysage musical occidental actuel, une formation punky-arty qui n'est pas sans présenter des liens étroits avec bon nombre de groupes J-Pop japonais. En tout état de cause, Sue Denim et Dee Plume apportent un vent de fraîcheur bienvenu en se foutant complètement du ridicule, quand d’autres groupes qui se situent dans la même tendance vintage se prennent au contraire très au sérieux. Salutaire, génial et chaudement recommandé.

Le goût des autres :
6 Adrien