Friendly Fire

Sean Lennon

Capitol – 2006
par Jeff, le 20 octobre 2006
8

Huit ans après Into the Sun, un premier album sorti sur Grand Royal (le défunt label des Beastie Boys), le rejeton d'un père décédé universellement adulé (John Lennon) et d'une mère vivante universellement détestée (Yoko Ono) rompt le silence et revient avec Friendly Fire, un album qu'il a conçu dans le plus grand secret. A l'époque du premier effort, la pression médiatique et les attentes peu réalistes de la presse avaient eu raison des apparitions publiques d'un Sean Lennon qui avait par la suite lentement sombré dans un certain anonymat, ne fricotant qu'à l'occasion avec ses amis Money Mark, Vincent Gallo ou Ryan Adams. Aujourd'hui, c'est sur la pointe des pieds que revient cet artiste surestimé à ses débuts et sous-estimé aujourd'hui. Mais alors qu'il n'a qu'à peine connu son père - Sean avait 5 ans lorsque celui-ci fut assassiné -, il n'empêche que ce bref moment passé en sa compagnie et les gênes que celui-ci lui a transmis lui auront largement suffi pour accoucher de ce Friendly Fire aussi attachant qu'enthousiasmant.

Sur les dix titres de Friendy Fire (dont une reprise d'un titre obscur de Marc Bolan), Sean Lennon distille avec beaucoup de sincérité des chansons pop pleines de tendresse évoquant indubitablement les compositions de son paternel et de son comparse McCartney, voire, pour citer une référence plus proche de nous, le regretté Elliott Smith. Variété mélodique, richesse des orchestrations et songwriting à fleur de peau sont autant de clés et de caractéristiques qui jouent en la faveur de Sean Lennon. Bien évidemment, les plus suspicieux et médisants d'entre vous reprocheront à l'artiste de puiser honteusement dans le patrimoine intemporel et universel laissé par les Fab Four, mais ce procès d'intention n'a nullement lieu d'être tant ils sont (et seront) encore nombreux à s'inspirer des Beatles. Car il ne faut pas voir dans ce mimétisme parfaitement assumé une solution de facilité mais plutôt l'envie de piocher de façon décomplexée dans l'héritage laissé par son regretté père. Cette approche décidée se traduit à l'arrivée par des ballades douces et bouleversantes comme "Dead Meat", "Spectacle" ou "Parachute" qui démontrent qu'aujourd'hui, Sean Lennon a pris pleinement conscience de son potentiel et de la manière la plus adaptée de l'exploiter.

Le goût des autres :
9 Splinter 7 Nicolas