French Cash

Zed Yun Pavarotti

ARTSIDE – 2019
par Côme, le 11 juin 2019
8

Il est difficile pour un rappeur français d’échapper à la comparaison directe avec un de ses homologues américains. Parfois avec une certaine justesse, comme le lien évident entre le Montreuillois Prince Waly et Nas. Souvent sans aucun à propos et une connaissance foireuse du domaine - la bise au Monde et à Lomepal devenu le « Eminem du 13ème arrondissement ». Pour Zed Yun Pavarotti, il suffisait de voir sa tête, sa dégaine de white trash et ses tatouages faciaux pour écrire « Post Malone de Saint-Étienne ». Cependant, même si cela ferait un titre incroyable, soyons un peu sérieux trente secondes.

Certes, il y a au premier abord entre Stoney et Zed Yun Pavarotti une esthétique commune et sur certains morceaux une même passion pour le pop-punk du début des années 2000, ainsi qu’une évidente capacité à représenter la mélancolie d’une jeunesse provinciale sans but. Sur ce premier disque, le Stéphanois passe son temps à chanter la déprime, entre les usines abandonnées d’une ville toujours meurtrie par le chômage de masse, la galère des relations amoureuses et la promesse séduisante des drogues dures. Ambiance. Et pour si bien aborder ces sujets, il fallait bien un mec né sans main gauche, qui a régulièrement vu les huissiers chez sa mère et dont les tatouages faciaux ressemblent presque à une obligation de réussir, sans aucune échappatoire possible.

Heureusement pour lui, ce French Cash est une réussite, qui vient synthétiser les formidables promesses de ces précédents projets et singles. Un disque très bien produit par son acolyte Osha (on pense notamment à ces notes de basse quasiment house sur « Coquillage »), et qui pourrait même ne fonctionner que par ses mélodies, hors des textes de Zed Yun, surtout sur les singles. Pourtant, le rappeur a des choses à dire, même de façon très détournée, notamment sur le sujet de l’amour et de la relation qu’il aborde au fil du disque. Terminée ? Encore en cours ? Chacun verra midi à sa porte, selon son humeur du moment et sa situation. Toujours reste-il que le néo-Parisien aborde le sujet par une multitude de facettes, de souvenirs, et d’évocations qui lui sont chères. Et c’est dans ce mumble rap mélancolique que se révèle toute sa force et sa singularité, quelque part entre la chanson française bien de chez nous et les strip clubs d'outre-Atlantique, lorsque le faux glamour et le bling bling ont quitté les lieux. Quelque part entre Saint-Étienne et Atlanta donc, loin d'une simple copie carbone de Stoney.

Le goût des autres :
7 Yoofat 7 Noé