Four Winds

Lightning Seeds

Universal – 2009
par Popop, le 6 août 2009
5

Dix années. Dix longues années séparent ce Four Winds de Tilt, la vaine tentative de flirt électronique bafouillée par les Lightning Seeds en 1999. Dix années pendant lesquelles Ian Broudie, l’un des grands messieurs de la musique britannique des trois dernières décennies, est revenu à ses premières amours : la production. Car pour les néophytes et les petits jeunes qui prendraient le train en route, avant d’être crédité sur les galettes de The Coral, The Zutons, The Subways ou I Am Kloot, le bonhomme s’était fait un (beau) nom dans les années 80 en peaufinant quelques-uns des chefs-d’œuvre de The Pale Saints ou d’Echo & The Bunnymen (l’indétrônable Ocean Rain, c’est lui) – sans parler pour les francophones du premier album de Noir Désir, Veuillez Rendre L’Âme A Qui Elle Appartient. Tout ça pour dire que, malgré les apparences, la sortie d’un nouvel album des Lightning Seeds est un événement en soi, même si, visiblement, ça ne déchaine pas les foules en 2009.

Pourtant, avec sa pochette estivale, son titre aérien et sa sortie calée sur les beaux jours, Four Winds avait tout pour marquer le grand retour à une pop ensoleillée, celle qui avait fait tant de merveilles dans les années 90 avec sa succession de tubes impeccables ("Pure", "The Life Of Riley" et autres "Marvellous" que l’on fredonne encore le printemps venu). Bon ça, c’est juste si on jette un coup d’œil rapide. Parce que si on se penche d’un peu plus près sur la couverture, ce n’est pas une plage de sable fin paradisiaque que l’on découvre, mais plutôt un trou à rats désertique en saison creuse. Et la musique est malheureusement à l’image de ce descriptif touristique peu flatteur.

Bien sûr, il y en aura toujours pour trouver un charme certain à ce morne paysage : c’est authentique, dépaysant, rassérénant… Tout ça, certaines compositions de Four Winds le sont aussi : la chanson-titre qui ouvre l’album sur une belle montée de cordes, le joli single "Ghosts" et ses souvenirs de vacances, ou encore "Don’t Walk On By", résolument 60’s et charmant bien que clairement pompé sur les Ronettes. Mais avec aussi peu d’arguments, on a du mal à remplir une brochure touristique, alors un album – même de 34 minutes… vous n’y pensez pas 

Arrivés à ce stade de la chronique, vous aurez compris que ce premier album des graines d’éclair en une décennie est une grosse déception. Terne, peu inspiré mélodiquement, quasi exclusivement acoustique alors que l'on espérait un retour flamboyant des claviers d'antan, il se rapproche plus de Tales Told (l’inutile album solo de Ian Broudie paru en 2004) que des classiques Jollification ou Dizzy Heights. Alors, histoire que vous n’ayez pas l’impression d’avoir perdu votre temps en lisant cette chronique, jetez-vous plutôt sans plus attendre sur la compilation Like You Do parue en 1996, et ignorez ce come-back foireux dont personne n’ira chanter les louanges aux quatre vents.