For The Masses

Hadouken!

Surface Noise – 2010
par Simon, le 16 mars 2010
2

Les cinq de Hadouken! ont réussi en 2007 un sacré coup foireux : sortir un album de merde dans une scène new rave 2.0 qui sentait - déjà à ce moment là - le sapin. Car si toute cette scène electro-house ne s'est jamais vraiment révélée à la hauteur des prétentions qu'elle affichait, il faut bien avouer que Hadouken! incarne encore aujourd'hui le sommet de l'inutilité, bien en dessous du peu de charme (et de crédibilité) que la scène a conservé à nos yeux. Fondateur d'un courant « grindie » - qui voudrait greffer la puissance du rock indie aux clichés grime - aussi novateur que le fil à couper le beurre, la formation de Leeds a toujours eu un train de retard : déjà avec Music For An Accelerated Culture on avait senti que le crew nageait dans la semoule en cherchant par mimétisme à égaler ses frères d'infortune - on pense surtout à tous les clones du système Kitsuné.

Comme si Hadouken! sentait déjà son destin lui échapper, le groupe a décidé de recourir aux très précieux trio de drum'n'bass Noisia pour assurer la production, sûr qu'avec ces trois maîtres du déblayage auditif Hadouken! gagnerait au moins en puissance. La première étape finie, on attaque le plan promo. Fini les délires de geek à jouer aux cons avec des sonorités 8-bit, Hadouken! joue maintenant les grands, fait des « fuck » sur les photos et se réclame partisan d'une musique pour stades. The Prodigy et Pendulum : deux références qui sont comme autant de points de ralliement du Hadouken! 2.0. Ce qui, dans une scène déja 2.0, donnerait une formation 4.0... quelle tristesse.

Alors voilà donc leur deuxième album, sobrement intitulé For The Masses, qui tabasse à tout va et qui prend tes oreilles pour des putes idiotes sur dix titres bien tassés. Dix titres qui ne sont finalement que dix clones d'un même concept : guitares qui jouent des riffs sur deux accords, nappes electro grassouillettes et ultra-saturées et fougue vocale emo-core à frange. J'allais oublier, on doit rajouter le même break à mi-parcours afin d'exhorter les foules à se mettre sur la gueule en cours de titre. Bref, on s'amuse comme à une foire aux boudins. Au final, ça ressemble assez à ce que The Prodigy ou Pendulum a pu faire de pire, à moins qu'on ne soit déjà dans les délires nauséeux d'un Asian Dub Foundation en pleine période rock, voire carrément dans le revival des Bomfunk Mc's.

On pourrait sans trop de mal affirmer que Hadouken! est à la musique électronique ce que Enter Shikari est au hardcore : une pâle copie de choses respectables qui se satisfait à vulgariser comme des pitres une culture à l'époque soignée. Ca rue dans les brancards, ça ne prend même pas le temps de respirer en espérant que le « maximalisme » de l'opération suffise à masquer les odeurs de cadavre qui émanent de ce nouveau cru absolument inutile. On aurait vraiment aimé (ou pas) défendre les intérêts de cette bande de jeunes cockneys, mais trop c'est vraiment trop. Ici on préfèrera balancer la carte rouge d'entrée de jeu, car aucun disque cette année ne s'est autant foutu de la gueule de la musique.

Le goût des autres :
1 Julien