Following Sea

dEUS

Pias – 2012
par Nicolas, le 10 juillet 2012
4

Se lancer dans l'écoute d'un nouvel album de dEUS, c'est un peu comme revoir une ex avec qui on est resté trop longtemps: on se souvient vaguement ce qu'on a aimé chez elle, on sait pourquoi ce n'était plus possible, mais on espère secrètement ne pas être à l'abri d'un mouvement de nuque troublant ou d'un souvenir émouvant. C'est donc avec un mélange d'appréhension et d'espoir presque fané qu'on introduit la septième galette des Anversois dans le lecteur de la voiture, pour toujours le meilleur endroit pour découvrir de nouvelles gammes.

On passera rapidement sur la promo nu-school censée sauver l'industrie du disque, merci PIAS, soit une sortie surprise de l'album associée à un tour-bus marathon de la case de l'oncle Tom des Fnac belge. Le disque donc. Et bien Following Sea commence plutôt bien avec "Quatre mains", morceau chanté "in het frans" et premier single qui, même s'il sent un peu la resucée spoken-word du morceau "Elle et Moi" de Max Berlin qui illustrait majestueusement la plus belle scène de l'inégal Anyway The Wind Blows réalisé par Mister Barman himself, fait office de préliminaire prometteur et ce, malgré quelques lyrics un peu maladroits : « C'est presque le contraire de nulle part et pourtant c'est l'équivalent de rien». Merci Tom, mais n'oublie pas de faire simple. On se prend malheureusement de plein fouet la désillusion crainte dès le second titre, « Sirens ». On y retrouve le dEUS que l'on n'aime plus, exactement là où on l'avait laissé, dans cet imbriglio frustrant de guitares saturées et de fausses bonnes idées, sans direction ni cohérence. Et malheureusement à partir de là, c'est l'escalade de l'ennui.

Se succèdent effectivement les ballades indigestes sur lesquelles même un ado boutonneux n'oserait pas emballer Miss pain-saucisse lors de la fête du village. « Hidden Wounds », « Girl Keep Drinking » et les autres  défilent en mode téléguidé comme autant de conserves bon-marché sur le tapis roulant de la caisse du supermarché. Bien sûr on retrouve toujours ici et là un riff malin ou un placement de voix audacieux, mais systématiquement submergés par des tonnes de boursouflures indigestes. Et alors qu'on avait placé un index décidé sur le bouton « Eject », surgit quand même le doublé final "Fire Up The Google Beast Algorithm" et "One Thing About Waves », qui, sans sauver le monde, épargne un peu l'ensemble du naufrage complet.

En conclusion, un album qui introduit et épilogue bien mais avec du vide au milieu. Une méthode surement payante pour les personnes qui l'écouteront à la hâte en tête de gondole d'un triste rayon Mediamarkt à la recherche d'un cadeau de dernière minute mais rien pour emplir nos coeurs de larmes inquiètes comme ont pu le faire leurs grands disques. On pourrait certes s'interroger une fois encore sur l'incapacité du groupe à nous émerveiller à nouveau (perte du line-up originel, ego-trip du leader ou frustration de ne pas avoir été reconnu à l'époque à la hauteur du titre qu'il méritait, c'est à dire pas moins que l'un des plus grands groupes de rock du monde) mais ce débat-là n'a plus lieu d'être. Qu'importe, dEUS, si tu reviens, on annule tout.

Le goût des autres :
5 Maxime