Focus For Infinity

Massimiliano Pagliara

Live At Robert Johnson – 2011
par Simon, le 12 juillet 2011
8

Avant même d’écouter ce Focus For Infinity nous partions avec un double a priori positif : son label et le nom de son auteur. Son label tout d’abord, Live At Robert Johnson, qui a su imprimer avec élégance une série de compilations mixées à la tête de laquelle on a pu croiser successivement Röman Flugel, Arto Mwambé, Chloé, Prins Thomas ou Ivan Smagghe. Un exemple de sobriété et de professionnalisme qui a récemment décidé de passer à autre chose : quitter le petit monde des sélections mixées pour accueillir ses premiers « vrais » albums électroniques. Ce disque est la première véritable référence du label d’Offenbach. Il y a ensuite Massimiliano Pagliara, l’histoire d’un mec dont le nom ne pourra jamais cacher sa nationalité. On l’imagine bronzé, chemise en lin et dégaine à la Sébastien Tellier, le verre de Martini en plus. Quand on prend tous ces éléments en compte et qu’on ajoute à cela que l’Italien opère dans le cosmic disco/italo, on a de bonnes chances de se réjouir.

Car si le nu-disco/house au sens large est devenu une machine à faire danser les hipsters de tous bords, il faut bien avouer que, hormis les centaines de podcasts qu’on peut trouver sur la toile, ça manque cruellement de vrais bons albums. Pourtant, si 2011 restera une année pauvre pour le genre, elle ne sera pas complètement orpheline vu la qualité de ce premier album de Massimiliano Pagliara, apte à faire cavalier seul et à combler ce manque cruel de longs formats. Faisant honneur à la vieille tradition italienne en matière de disco (qu’il soit dark, cosmic ou italo), Massimiliano Pagliara étale sur treize titres une véritable science du clavier spatial, des vocaux complètement versés dans le sexe et des grosses lignes de basses qui roulent derrière les oreilles.

C’est frais à outrance, corporel, ensoleillé, et pourtant la principale qualité de Focus For Infinity reste encore sa réserve. Un recul qui lui permet d’assurer sur la longueur un vrai beau contenu, malin, calculé, qui ne verse jamais inutilement dans l’hédonisme béat. Un disque intelligemment composé, qui allie puissance de narration (conforme aux racines de la scène italienne) et sections rythmiques à vous péter les lombaires. On remerciera pour cela tout l’héritage house qui se distille ici avec savoir - il suffit d’écouter « Harmonize », « Fade The Light » ou « Night Flow » pour s’en rendre compte.

Bref, Massimiliano Pagliara gagne sur tous les tableaux, et impose ici une véritable leçon de disco/house à tous les newbies de la scène. A bien y réfléchir on se dit même que c’est une des rares plaques à pouvoir rivaliser avec le It’s A Feedelity Affair de Lindstrom. Pas de surenchère, pas de rengaine hype, Focus For Infinity est là comme un daron qui agit dans la justesse. Dernier détail, le disque dure quatre-vingt minutes, et il n’y en a pas une à jeter. Je ne sais pas comment on appelle ça chez vous, mais il est clair que pour nous c’est un carton plein.