Flick The Vs

King Creosote

Domino – 2009
par Julien, le 18 juillet 2009
7

On vous parlait il y a peu, dans la chronique du dernier Aidan Moffat, du talent de musicien de son ex-comparse, Malcolm Middleton. Celui-ci est un proche de King Creosote : bon point. Vous vous souvenez du Beta Band ? Leur leader était le frère de ce même King Creosote : on retranche un point car tout de même, le Beta Band c'était pas terrible, en tout cas très inégal.

En écoutant Flick the Vs, cinquième album pro de Kenny Anderson, on procède ainsi. Des arguments sont avancés, on adhère, et puis on déchante l'instant d'après. On va et vient entre illumination et déception. On aurait pu tenir là un des albums de l'année ; on se trouve en fait face à une compilation hétérogène, prometteuse et incomplète. Car il y a du talent chez King Creosote, du génie peut-être. Des éclairs vraiment sublimes qui parcourent l'album de part en part ("Two Frocks At A Wedding", "Nothing Rings True", "Curting Craft"). On entend une voix angélique et des mélodies divines. Ce qui fait qu'on y revient souvent, à ce Flick the Vs. On hésite toujours une seconde à le mettre quand on l'aperçoit dans sa bibliothèque iTunes.

Mais lorsqu'on le fait on s'égratigne un peu les oreilles. En voilà pour moi la raison : Kenny Anderson est un songwriter ultra-prolifique. J'ai bien précisé en début d'article cinq albums enregistrés professionnellement, car il aurait au total produit plus de quarante albums. Qui auraient été enregistrés sur CD-R et vendus par les copains-copines à la sortie des concerts. L'anecdote est croustillante mais inquiète aussi quelque peu. Car quoi qu'on en dise, cela dénote un certain éparpillement. Il traîne un peu la charrue avant les boeufs. Et difficile de ne pas l'entendre à l'écoute de son dernier album : King Creosote s'amuse, ça se voit, mais pas toujours pour notre bonheur. Son disque manque de recul, de travail. Ses tentatives électroniques s'avèrent par exemple très hasardeuses. On regrettera aussi des structures mal générées, certains morceaux trop longs qui ne se renouvellent pas et d'autres trop courts trop vite expédiés. Flick the Vs va un peu trop dans tous les sens et nous perdons le fil.

Ainsi, nous restons béats devant un talent éclatant mais insatisfait par le manque de finition de son produit. Peut mieux faire, trop doué !

Le goût des autres :
6 Nicolas 6 Jeff