Father, Son, Holy Ghost

Girls

Turnstile – 2011
par Michael, le 9 septembre 2011
8

Un album pour l'été. A écouter un soir de juillet en roulant vitres ouvertes en bord de mer quand l'asphalte renvoie encore la chaleur du soleil accumulée durant la journée. Si Father, Son, Holy Ghost était sorti en juin, peut-être que la saison estivale aurait été plus chaude et ensoleillée. La voix de Christopher Owens, discrète et toute en retenue, frappe dans son étonnante capacité d'adaptation. Car ici l'éventail est large. On peut ainsi passer en l'espace de trois morceaux de "Honey Bunny", qui fait très Supergrass première période, à "Alex", sa batterie sèche et ses guitares claires 80's, puis au surprenant "Die" avec son riff heavy digne d'un album de Monster Magnet et ses paroles en forme de gros clin d'œil au "Highway Star" de Deep Purple (si, si!). On se laissera ensuite charmer par les délicats arpèges de "Just A Song", qui se conclut sur de très beaux arrangements de mellotron, ainsi que par la douce ballade "Jamie Marie", qui clôt l'album. "Magic" est une petite ritournelle pop sans prétention et "Saying I Love You" séduit par ses parties de guitare tout en finesse.

Mais les temps forts de l'album sont incontestablement "My Ma", le tire-larmes "Vomit" et le tube certifié vintage "Love Like A River". Sur ces trois morceaux, Christopher Owens, la voix habitée par une force et un souffle désarmants, se fait crooner soul. Le lyrisme est assumé : orgue, solos de guitare épiques, choeurs féminins, mode mineur intégral. Ce qui pourrait friser le ridicule ou le fadasse se fait ici poignant et inspiré, à l'image des paroles, à la fois naïves et ô combien sincères et honnêtes, du désespoir et de la recherche de l'amour du leader de Girls. Sans épiloguer sur l'histoire personnelle de Christopher Owens, presque sortie d'un roman noir américain, les références à son ancienne "famille" et à son culte sordide sont ici assez claires et ne font que confirmer la force de caractère qu'il aura fallu à l'adolescent pour couper les ponts et redémarrer une vie déjà forcément stigmatisée. Ce qui étonne donc, c'est la fraîcheur et l'innocence que dégage ce deuxième album, évoquant certaines douceurs autrefois dispensées par Gorky's Zygotic Mynci. La musique de Girls n'en est que plus poignante et se révèle déjà comme une très bonne surprise de la rentrée.

Le goût des autres :
8 Thibaut 8 Laurent 7 Julien L 7 Amaury L