Fabriclive.38

Craze

Fabric – 2008
par Simon, le 1 avril 2008
7

Le refus du label londonien (de la boîte du même nom) Fabric de diffuser le mix des deux Parisiens de Justice nous ferait presque oublier que la production mensuelle de compilations mixées suit inlassablement son cours, et d’une bien belle manière faut-il le dire, cet opus confirmant à nouveau tout le bien qu’on peut penser de cette entreprise luxuriante. Dernier en date à poser ses valises pour une session enregistrée, Craze, Dj méritant au passé enviable. Essentiellement connu pour avoir remporté pas moins de trois fois de suite le tournoi mondial DMC, le producteur n’en reste pas moins une personnalité de choix au moment de sélectionner une poignée de vinyles prompts à dompter le dancefloor le plus réticent soit-il.

Après cette première introduction qui fera office de large présentation, le ton est donné, la cadence imposée, et on peut seulement goûter à cette bonne heure de dérives électroniques. Electronique, pas seulement, car la sélection ne se prive pas de faire dans le subtil en proposant un mélange admirablement bien dosé entre tout ce qui peut faire l’objet d’une manipulation sur platine. Avec un démarrage plutôt typé crunk (Cool Kids), l’auditeur prendra sûrement peur de voir son mix partir en sucette, agacé par ces cris sauvages entre deux lignes de basse, mais que les plus sceptiques se rassurent, les deux lascars de Bangers & Cash (joli side-project de MC Spankrock) vont rapidement disperser tous les doutes quant à la bonne tenue de cette sélection avec leur Miami Bass délurée, faisant la part belle aux lyrics dégradant sur fond de basses pachydermiques. On repart de suite dans un tourbillon de mash-up combinant hip-hop old-school, rythmes discoïdes, lignes de basses plantureuses et autres.

Une première partie calorique et éprouvante qui laissera bientôt sa place à un large éventail de pistes plus strictement typées house, le tout emmené par l’immanquable duo Chromeo. Vous l’aurez sans doute deviné, on appréhende dans cette partie tout un pan de l’histoire house, histoire dont ne savent se détacher ces claviers cheesy au possible (l’énorme « Cross The Dancefloor ») et ces lyrics parfois vieillissants (qui mieux que Armand Van Helden pouvait mieux illustrer mon propos avec la vieille rengaine vocale de son increvable « I Want Your Soul »). Entre deux scratches bien sentis (« Magic Mike Cutz The Record »), on entrevoit la forme de quelques tubes electro en la présence des remix de Switch ou encore des infatigables Chemical Brothers, en position de remixés cette fois.

Le final ne connaît pas un sort différent en alternance de ce qui a pu précéder, la fête est à son comble et notre producteur en extase, car il est vrai que ce bordel d’incongruités se recoupe à merveille et le résultat final tient de la réussite totale. Normal me direz-vous quand la technicité du producteur n’est là que pour servir l’esprit de liberté dont il fait preuve, assurant de cette façon la meilleure des bandes originales pour les plus délurées de vos free-party. Idéal donc.