Fabriclive.33

Spank Rock

Fabric – 2007
par Simon, le 30 avril 2007
7

Suivant régulièrement le calendrier des sorties des cd mixés de la Fabric (pour les derniers qui l’ignorent encore, il s’agit d’une boîte londonienne à la renommée européenne dont les marches ont été foulées par les plus grands, possédant son propre label pour alimenter une série de compilations mensuelles aux mains des plus grands prodiges toutes scènes electro confondues), je me languissais de voir arriver dans ma platine la livraison du mois d’avril concoctée par les Américains de Spank Rock. Ces quatre zouaves, signés sur Big Dada (TTC, Busdriver,...), nous avaient gratifiés l’année dernière d’un album révélation mêlant allègrement hip-hop, booty bass ou encore ghettotech, les plaçant sans plus de difficultés dans les hautes sphères des meilleurs albums de 2006. Je m’attendais donc légitimement à voir sortir ici une pléthore de titres plus croustillants les uns que les autres, occasion rêvée pour le néophyte que je suis de (re)découvrir des perles rap, funk ou encore crunk en provenance des States.

Mais il faut croire que le collectif Spank Rock ne l’a pas vraiment entendu de cette oreille. Tout au long d’une sélection foisonnante (29 titres quand même), on assiste à une démonstration d’un art désormais bien connu, car pratiqué par Erol Alkan ou Soulwax pour ne citer qu’eux : le cross over, odieuse « bastardisation » pour certains, élan moderniste pour d’autres, consistant à enchaîner des morceaux dont on n'aurait gardé que la quintessence, les titres se chevauchant à une vitesse fulgurante dans un joyeux bordel sonore. Les artistes présents ici se déchirent donc la vedette avec une allure déconcertante sachant qu’ils n’auront voix au chapitre que pour deux minutes tout au plus. En parlant d’artistes, la sélection nous propose un cocktail appréciable où se côtoient les producteurs les plus tendance (Mr.Oizo, Uffie, Simian Mobile Disco, Para One, Zongamin, Switch, Bonde Do Role ou encore les Brésiliens de CSS) et les anonymes aux talents les plus délurés pour un résultat oscillant entre électro sauvage et incursions soul au potentiel dévastateur. Et le hip-hop dans tout ça me direz-vous ? Il est le grand absent, (malgré quelques titres du genre pourtant bien calés au vu de l’impeccable Kurtis Blow ou Kano) au regard du fabriclive.23 mixé par un Diplo survolté, raisonnant comme un véritable hommage à la culture urbaine. C’est bien là le seul élément à décharge de ce mix admirablement bien ficelé, qui fera quand même bonne figure sans toutefois aller chatouiller les pieds des indétrônables de la série (Michael Mayer, Ivan Smagghe, Audion). L’ambiance ne semble jamais vouloir faiblir à l’image de cet enchaînement qui fera date entre "Technologic" des Daft Punk et "A Bit Patchy" de Switch (tout un programme). On dénotera juste cet aspect « best of » parfois dérangeant au détriment des véritables cd mixés auxquels le label nous avait habitués.

Sans pour autant se révéler comme le mix ultime de la série, ce disque collera parfaitement avec le temps estival qui doucement s’installe (poésie quand tu nous tiens), parfait compagnon de barbecues correctement arrosés qui se préparent. Ce nouvel arrivage ne déçoit en rien, preuve s’il en est que Fabric reste encore et toujours en haut de l’affiche. Allez jeter un œil sur le site pour voir que les prévisions du label nous annoncent un été haut en couleur.

Le goût des autres :
7 Jeff 7 Julien 8 Laurent_old