Exit Records presents Mosaic Vol.01

Various Artists

Exit records – 2011
par Simon, le 7 mars 2011
8

Avec les mutations qu'a subi la bass music anglaise (grime, dubstep, uk funky, techno ou drum'n'bass), il est un genre qui est resté plus discret, moins exposé aux folies commerciales de tous les avatars précités : l'autonomic. C'est que l'autonomic est déjà en soi un nouvel hybride, précisément celui qui mêle avec réussite drum'n'bass, dubstep, techno et electronica. Basé sur une veine minimaliste et soul, l'autonomic est un croisement subtil entre l'écoute domestique et de vraies inspirations urbaines. Autrefois considéré comme une sous-branche destinée aux amateurs les plus férus de musiques électroniques, cette nouvelle évolution a progressivement émergé en s'appuyant sur deux structures essentielles : Exit Records et Non Plus +. Loin d'être un hasard, ces deux structures sont dirigées par les piliers de la scène, dBridge et Instra:Mental, véritables guides de toute une génération de grands producteurs. Mais nous aurons le temps d'y revenir.

Preuve s'il en est qu'on est bien là dans un dossier sérieux et digne d'intérêt, nous avons eu droit l'année passée à une première rétrospective du genre grâce à un Fabric.live 50 qui avait comme intitulé dBridge & Instra:Mental present Autonomic. Entièrement mixée, cette sélection cristallisait à merveille toutes les vibrations d'une scène étonnante et qualitativement très impressionnante. En 2011, Exit Records nous propose une véritable rétrospective en un double album retraçant son histoire et son évolution. Alors que dire sinon que ces vingt-deux titres sont un régal à déguster sans modération? En effet ce Mosaic Vol.01 permettra tant aux néophytes désireux de goûter à un pan underground de la musique anglaise qu'aux experts n'ayant pas su acheter tous les vinyls de se plonger de manière exhaustive dans les travaux d'un des labels les plus excitants de ces dernières années. Mais revenons-en à la musique si vous le voulez bien.

Ce qui fait la force du genre autonomic c'est qu'il a su tirer le meilleur des musiques impliquées. Il suffit d'ailleurs de voir les producteurs en présence : on retrouve autant de producteurs de drum'n'bass chevronnés (dBridge, Commix, Instra:Mental), des vétérans du dubstep (Distance, Skream, Scuba) que des crus du genre (ASC, Consequence, Genotype). Toutes ces influences – et c'est la magie de cette bass music – s'unifient avec une fluidité rare pour s'élever au rang de véritable ovni musical. Mais ce métissage n'a heureusement pas accouché d'un monstre froid et incohérent, il est immédiatement adopté comme une étape de plus de ce grand mouvement perpétuel opéré par musique électronique anglaise depuis quinze bonnes années. Il serait donc erroné de parler de révolution, parlons donc plutôt, comme toujours, d'évolution. Il est à noter au passage que le deuxième disque s'inspire plus des racines drum'n'bass, premier véritable terrain de jeu du label.

Que vous soyez profane ou scientifique du genre, vous trouverez dans ces deux heures de musique un véritable objet d'adoration, vibrant hommage rendu aux soundsystems et à une culture qui ne semble pas prête de faiblir. A l'heure où les virages amorcés par le post-dubstep semblent de plus en plus douteux et destinés à s'embourber dans une complaisance vomitive, l'autonomic préfère faire corps avec les vibrations de la rue afin de porter haut les couleurs de la bass music. Une musique de résistants, assurément.