Evermine

Paul Armfield & The Four Good Reasons

Groove Attack – 2005
par Popop, le 28 mars 2005
9

Un disque qui vous remue les tripes jusqu’au plus profond de votre être, qui vous fait remettre en cause des dizaines d’artistes, réévaluer intégralement votre échelle de jugement musical, il n’y en a pas des masses. Et d’ailleurs heureusement, car s’il fallait tout remettre en cause toutes les deux semaines, on ne s’en sortirait pas… Il y a 18 mois, on s’enflammait déjà dans les pages de Goûte Mes Disques à propos du premier album de Paul Armfield & The Four Good Reasons, le merveilleux Songs Without Words. Sans repartir dans des critiques dithyrambiques, il faut bien avouer que l’émotion est toujours présente à chaque écoute et que l’arrivée d’une suite à ce chef-d’œuvre a été accueillie avec autant d’excitation que de crainte. Alors, coup d’un soir ou pour la vie ?

Pour être honnête, les premières écoutes déroutent un peu… On retrouve la même voix, chaude, imprégnée de mélancolie, portant des compositions belles et sobres. On retrouve cet univers soyeux et ces arrangements élégants, quelques notes de piano par-ci, un violon par-là. On retrouve également Jacques Brel, au détour d’une nouvelle adaptation – cette fois-ci "Les Cœurs Tendres". Mais Evermine ne se veut pas fille facile, loin s’en faut. Les mélodies, plus tortueuses, plus sombres, ne se laissent pas dompter aisément, les mots s’échappent, le tempo se ralentit sur une reprise du "Misty Roses" de Tim Hardin. Puis peu à peu, les oreilles s’habituent à cette semi-clarté et les chansons se révèlent, tristes et belles à la fois. Quelques sifflotements sur "Gathering Leaves", une once de hargne sur "Give Me Your Wings", une chorale sur le final "Song Of Goodbye", trois petits riens qui deviennent beaucoup quand chargés d’émotion.

Le peu de reconnaissance obtenu jusqu’à aujourd’hui par Paul Armfield en dehors de son Angleterre natale et de l’Allemagne (où le chanteur a fait la première partie de Lambchop) est d’autant plus injuste que certains de ses illustres cousins d’Amérique, Micah P Hinson ou Sufjan Stevens, commencent à sortir de la confidentialité. Evermine, s’il bénéficie d’une diffusion digne de ce nom, devrait pourtant séduire les fans de ces artistes et plus généralement les amateurs de belles choses, ceux qui ne se soucient pas de la mode et de ses caprices.