Enter The Vaselines

The Vaselines

Sub Pop – 2009
par Nicolas, le 11 juin 2009
8

À l’instar des reformations, l’autre grande mode du moment semble être celle des rééditions, même si souvent les deux phénomènes sont intrinsèquement liés. Une des dernières en date est celle des Vaselines, que les plus chanceux et fortunés auront pu voir cette année au Primavera Festival à Barcelone, dont le seul et unique album Dum-Dum retrouve aujourd’hui une seconde jeunesse, accompagné pour l’occasion de démos et autres lives. Le tout sous le nom explicite d’Enter The Vaselines. Voilà donc l’un des monuments du lo-fi qui revient par la grâce de Sub Pop, le label de Seattle à qui l’on doit Bleach, le premier album de Nirvana. On en reparlera.

Formé autour des personnalités d’Eugene Kelly (guitare-voix) et de Frances McKee (guitare-voix), The Vaselines a vu le jour en 1986 et aura accouché de deux EP’s, Sun Of A Gun et Dying For It, ainsi que de l’album susnommé (sur 53rd & 3rd Records, le label de Stephen McRobbie, leader de The Pastels) durant sa très courte existence (3 ans). Et si la formation écossaise revêt une importance presque similaire aux Young Marble Giants, l’heure de gloire (si l’on peut employer ce terme) des Vaselines intervint quand ils se reformèrent en 1990 pour assurer la première partie de Nirvana à Edimbourg. Depuis lors, le groupe est perpétuellement associé à la formation de feu Cobain. Il faut dire que ce dernier vouait un tel culte au groupe, et surtout à sa chanteuse, qu’il donna le prénom de cette dernière à sa fille. À quoi on peut ajouter que Nirvana reprit deux des meilleures chansons des Ecossais, "Son Of A Gun" et "Molly’s Lips", et réadapta "Jesus Wants Me For A Sunbeam" (en "Jesus Doesn't Want Me For A Sunbeam") lors du fameux Unplugged de 1994.

Mais ce serait une erreur monumentale que de réduire The Vaselines à la seule admiration que leur portait l’Américain. Car on retrouvait dans les compositions du quatuor (le duo initial fut très vite rejoint par le batteur Charles Kelly, le frère d’Eugene, et le bassiste James Seenan) une certaine incandescence. Aussi pop que punk, shoegaze que folk, ces morceaux aux forts relents adolescents sont des petits bijoux lo-fi et crasseux qu’il nous faut choyer à l’envi. Pourtant, il aura manqué ce je-ne-sais-quoi aux 19 titres composés par le groupe météore The Vaselines pour qu’ils trouvent leur public. Preuve de leurs qualités intrinsèques, 20 ans après les faits leur étoile continue de briller sur la scène indie comme le prouve cette compilation. Toutefois, il faut reconnaître que le second disque n’est là que pour la forme tant les démos et autres lives (à Bristol et à Londres) n’apportent pas grand-chose à l’ensemble. En dehors du sentiment de fragilité qui s’en dégage, ils n’ont pratiquement aucune valeur ajoutée si ce n’est qu’ils permettent à Enter The Vaselines d’être plus exhaustif que ses prédécesseurs The Way Of The Vaselines (1992) et All The Stuff And More (1995).

En somme, la sortie de cette compilation ne changera en rien le cours de l’histoire de la musique, et ce même si les morceaux  de la formation écossaise ont bien résisté à l’épreuve du temps. Simplement, cet objet est destiné soit aux aficionados des Vaselines soit à ceux qui ne connaissent pas encore le groupe mais qui sont avides de découvrir leur son lo-fi et leur étonnante faculté à écrire des morceaux bien torchés. Ne vous faites pas prier, entrez !