Enemy Mine

Swan Lake

Jagjaguwar – 2009
par Nicolas, le 13 mai 2009
6

Quelques semaines après avoir évoqué Face Control, le second opus du duo Handsome Furs, il nous faut aborder cette fois Enemy Mine, le deuxième effort de Swan Lake. Et si l’on ne reprendra pas tout depuis le début, on mentionnera tout de même que ce projet est l’œuvre d’un trio, plus ou moins proche du super-groupe : Spencer Krug (Wolf Parade, Sunset Rubdown, Frog Eyes), Carey Mercer (Frog Eyes) et Dan Bejar (Destroyer, New Pornographers). De leur union avait déjà vu le jour Beast Moans, un album tortueux qui n’avait guère emballé la critique. Mais après s’être fait surprendre par Handsome Furs en ce début d’année, il était écrit que l’on jetterait une oreille plus qu’attentive à la plaque de ces insatiables Canadiens.

Beast Moans a beau être complètement insaisissable, il a néanmoins le mérite de planter le décor et d’indiquer clairement la direction prise par le projet. Ainsi, les compositions étaient à la fois débraillées et teintées de psychédélisme. On se voyait également embarqué au gré des montées et descentes, le groupe ayant visiblement un faible pour les montagnes russes. Seulement, le tout s’avérait trop abrupt et trop peu homogène pour faire mouche. Alors même si la formule n’a guère changé sur Enemy Mine, le résultat s’avère cette fois plus convaincant. On se trouve à nouveau immergé dans un monde parfaitement indé, où l’instrumentation écrasante voit son contrepoint dans un chant larmoyant et éreintant. L’univers du trio versant souvent dans l’expérimentation, il est fort probable que la plupart des auditeurs rebroussent chemin avant même d’avoir terminé la première écoute. Pour beaucoup, les neuf morceaux de cet Enemy Mine ne seraient qu’un mauvais trip, où l’on ne discernerait que des esquisses de seconde zone de Destroyer, Wolf Parade ou Frog Eyes. Ils n’auront certainement pas tort. Mais de notre côté, on y verra un formidable terrain de jeu où les protagonistes peuvent s’emporter à l’infini sur des compositions presque déstructurées, complexes sans être totalement absconses.

Au-delà de la démarche qu’on apprécie, il faut cependant admettre qu’on ne délierait pas les cordons de la bourse pour cet effort alors qu’on le ferait volontiers pour Face Control. Au contraire de Handsome Furs qui a l’air de vraiment s’émanciper, Swan Lake demeure un de ces éternels side projects dont la somme des parties n’égale pas (encore) le tout. Pour preuve, cet effort voit à peine le jour que l’on annonce déjà la suite avec la sortie prochaine de Dragonslayer, le nouveau Sunset Rubdown au sein duquel on retrouve Spencer Krug. Une façon de nous signifier qu’il ne faut guère nous attarder…