Employment

Kaiser Chiefs

Universal – 2005
par Splinter, le 17 avril 2005
7

Pour quelques euros, offrez-vous une machine à voyager dans l’espace et remonter le temps. Direction Londres, Grande-Bretagne, au début des années 1990, en pleine vague britpop. Souvenez-vous, le très surfait duel Oasis / Blur, les chansons débiles et refrains insidieux, les guitares inoffensives et les quelques notes de clavier désuet.

Girls and Boys, ça vous rappelle quelque chose ? Dix ans plus tard, voici Everyday I love you less and less des Kaiser Chiefs ! Le canevas est identique, le morceau tout aussi efficace. Hymne sautillant sur des paroles dénuées de toute profondeur, nanananas à tout bout de champ, cette chanson, qui ouvre « Employment » est tout simplement régénérante !

Tout l’album, de très bonne tenue, lalalalalalas et ouhouhouhouh inclus, appartient donc à un genre que l’on croyait mort et enterré depuis longtemps, malgré les tentatives poussives de quelques dinosaures (sinistres Manic Street Preachers ou fantômatiques Oasis) de le ressusciter. Ah, la britpop, ce monument national outre-Manche, phénomène allergène pour d’aucuns, retrouve donc quelques couleurs avec des titres aussi accrocheurs que Modern Way ou Born to be an dancer, aux chœurs de la grande époque.

Les Kaiser Chiefs, comme tant d’autres, n’ont rien inventé. Mais vraiment rien du tout. Ils n’ont fait que repriser des Clarks trouées au bout et à la semelle complètement aplatie. Ils réutilisent à foison les clichés les plus éculés dont même Suede a cru bon de s’éloigner en se séparant (Saturday Night). La voix du chanteur a même de faux airs de Damon Albarn.

Mais alors, pourquoi faire l’éloge de ce potage réchauffé ? Tout simplement parce que ces gosses ont le bon goût de ne pas du tout se prendre au sérieux, à l’inverse des pseudo-intello Bloc Party, faux hype et vrai pétard mouillé. Une seule écoute de Na Na Na Na Naa (véridique !) suffit à vous convaincre du talent de ces morveux bas du front mais terriblement sympathiques.

Une pop sautillante et ensoleillée (You can have it all), parfois un peu plus élaborée (Oh my God) mais jamais prétentieuse. Chaque morceau est suffisamment accrocheur pour vous rester en tête toute la journée... Un album chaudement recommandé tant aux nostalgiques qu’aux paléontologistes de la pop.

Le goût des autres :
5 Jeff 7 Nicolas 7 Popop