Drop

Thee Oh Sees

Castle Face Records – 2014
par Jeff, le 13 mai 2014
8

John Dwyer est quand même un bel enfoiré, mais un enfoiré que l’on se doit de vénérer. En effet, il y a encore quelques mois, les fans du songwriter américain avaient de quoi s’inquiéter : non seulement la plus belle mèche de la scène garage de la Bay Area annonçait une pause indéterminée de Thee Oh Sees alors que la fine équipe n’avait jamais semblé aussi populaire et bankable, mais dans la foulée de son déménagement à L.A. le bonhomme inaugurait son projet Damaged Bug avec un hommage un peu chiant aux séquenceurs et aux bidouillages sur synthé. Mais heureusement pour nos esgourdes, John Dwyer ne peut tenir en place, et d’hiatus pour Thee Oh Sees, il n’en sera pas vraiment question puisqu’on peut déjà s’enfourner la dernière livraison d’un groupe qui sera par ailleurs en tournée européenne en 2014. Drop, la plus indispensable arnaque de 2014 ? C’est bien parti pour en tout cas. Car comme on a pu le constater avec tous les récents albums du groupe (de Castlemania à Floating Coffin en passant par Singles Collection vol. 3), le père Dwyer a trouvé une formule qu’il semble en mesure de pouvoir exploiter pendant encore une dizaine d’albums encore sans que personne ne trouve rien à y redire : tu prends une pochette mi-psychédélique mi-dégueulasse, tu ponds de la mélodie pop au kilomètre avec une aisance qui rendrait dingue n’importe quel songwriter, tu ponds des riffs heavy as fuck tout du long, tu enrobes le tout d’un vernis garage du plus crade effet et tu trempes tes meilleures idées dans un décoction psyché qui donne à l’ensemble une saveur inégalable. On aimerait se lasser de ces saillies du père Dwyer, mais le constat est de plus en plus inévitable à mesure que grossit l’œuvre : ce petit salopard a trouvé une formule magique que son immense talent permet d’exploiter à la perfection et en respectant des cadences industrielles à rendre jaloux n'importe quel employé du mois dans un sweatshop de Nike. Dans ce contexte, et face à une discographie d’une effarante régularité, le fan n’a plus d’autre choix que de se choisir des chouchous dans l’offre pléthorique qui s’offre à lui et de les défendre comme il peut, en sachant que le point final du débat sera toujours le même : Thee Oh Sees sont aussi indispensables qu’énormes. Gloire à eux.