Dead Cross

Dead Cross

Ipecac  – 2017
par Michael, le 14 septembre 2017
7

Dire qu’on attendait beaucoup de ce premier album réunissant Dave Lombardo (faut-il encore présenter l’ex-batteur de Slayer, Suicidal Tendencies, ou Fantômas), Justin Pearson (The Locust, Retox), Mike Crain (Retox encore) et le demi-dieu Mike Patton serait en partie mensonger. Certes un projet annoncé avec Patton nous collera toujours une demi-molle on n’y peut rien, c’est comme ça. Et même si nous sommes habitués à ce type de collaborations et si on ne peut pas se plaindre du niveau qualitatif des dernières en date (Nevermen, ou les albums avec John Zorn), le syndrome du supergroupe (quoiqu’en dise Lombardo dans la presse) commence sérieusement à être un peu gavant, tel un triste signe des temps, au même titre que les franchises comics au cinéma ou l’exofiction en littérature.

Ces quelques réserves étant posées, une seule écoute aura suffi à faire taire nos réticences et deux à réellement s’enthousiasmer pour un projet dont on sait pertinemment qu’il ne tiendra probablement pas plus de deux LP. Première raison: pas un pet de gras. Quasiment tous les titres en-dessous des trois minutes, pas d’interludes pourraves, pas de déséquilibre qualitatif. Un album consistant comme un bon steak de Charolais, dense, tendre et gouteux. Tendre, oui absolument. Pas besoin d’être un ayatollah du hardcore et de tous ses codes pour le savourer à sa juste valeur. Non, Dead Cross est un album qui peut potentiellement être apprécié par tout un chacun (bon presque hein), car il indéniablement catchy. Catchy car les riffs sont bons, car Lombardo relève la sauce avec sa technique inimitable, car les structures sont à la fois simples et surprenantes. Et puis bon, le chant le Patton est là pour plier l’affaire.

On est d’ailleurs ravis d’entendre ce qui constitue sans doute la performance vocale la plus variée et consistante de Patton depuis les derniers Tomahawk et Faith No More. Du hurlement aigu aux growls graves, de la scansion au parlé-chanté, tout y passe. On devine le plaisir rien qu’à l’écoute, et l’étendue des moyens employés ne dénature jamais l’unicité d’un album qui s’écoute d’une traite. Niveau plaisir et générosité, il en va de même pour les autres membres du groupe. Et même si tout cela reste quand même d’un niveau très impressionnant, la technicité n’est jamais mise en avant en mode "concours de quéquettes". On a vraiment affaire à un album ou chaque intervenant semble prendre son pied (écoutez donc « Shillelagh », « Gag Reflex » ou la reprise du « Bela Lugosi’s Dead » de Bauhaus) sans se vautrer dans l’auto-complaisance. Non, le maître-mot de cet album est "efficacité" si l’on évacue toutes les consonances négatives que peut évoquer ce terme. On parle ici d’efficacité au sens d’efficience des moyens employés et du résultat escompté, sans facilité, sans effets de manche. Plaisir d’offrir, joie de recevoir en somme.   

Le goût des autres :
7 Dom