Daxaar

Steve Reid Ensemble

 – 2008
par Nicolas, le 16 janvier 2008
8

Considéré comme l’une des dernières pièces maîtresses de la scène free jazz encore en activité, le batteur Steve Reid revient cette fois avec son Ensemble, sans pour autant délaisser son acolyte Kieran Hebden (Four Tet), pour nous offrir ce Daxaar, aux influences qui, comme son nom le laisse deviner, lorgnent du côté de l’Afrique. Enregistré au studio Dogo dans la capitale sénégalaise, cet opus permet donc à Steve Reid de renouer avec un continent lui tenant tout particulièrement à cœur depuis ce voyage de 3 ans qu’il effectua dans le courant des années 60 et au cours duquel il rencontra un certain Fela Kuti.

Revenant à ses amours africaines, le batteur ne garde ici que le claviériste Boris Netsvetaev de son Ensemble originel afin d’ouvrir ce dernier à des musiciens locaux tels que Jimi Mbaye, un des précieux collaborateurs de Youssou N’Dour. Par ailleurs, le morceau d’ouverture ("Welcome") est une reprise d’Isa Kouyate sur lequel celui-ci vient accompagner la formation au chant et à la kora. Inutile de préciser que les ombres de Salif Keita et de Toumani Diabate planent sur une composition dénotant néanmoins avec le reste de l’album. En effet, le morceau suivant ("Daxaar") amorce un changement de cap radical pour donner à l’opus des colorations jazz funk auxquelles l’inévitable Kieran Hebden n’est pas étranger. Car si cette œuvre n’est pas le fruit de la collaboration exclusive entre Four Tet et Steve Reid (comme l’était le récent mais décevant Tongues par exemple), il faut croire que les deux hommes sont devenus tout simplement inséparables depuis 2005. Mais au contraire du dernier-né, ce Tongues qui n’était qu’une somme indigeste d’expérimentations, Daxaar se révèle être une réussite à l’image de l’envoûtant morceau titre où trompette, orgue, batterie et autres percussions se croisent à la perfection. Prenant des airs tantôt funky, tantôt groovy, tantôt rock, Daxaar n’en demeure pas moins un disque où le talent de Steve Reid s’inscrit en filigrane, sans que celui-ci ne prenne l’ascendant sur celui de ses congénères. Et c’est bien là que réside la force de Daxaar : conjuguer le hors-piste aventureux du batteur à des influences africaines qui lui collent à la peau.