Darling Arithmetic

Villagers

Domino – 2015
par Jeff, le 26 avril 2015
8

« I took a little time to get where I wanted. I took a little time to get free. I took a little time to be honest. I took a little time to be me. » Voici les premières paroles prononcées par Conor O’Brien sur « Courage », magnifique premier single tiré de ce qui est déjà le troisième album de son projet Villagers. Des paroles prononcées par le songwriter irlandais qui évoquent ici son coming out, mais que l’on pourrait presque interpréter comme faisant référence à son précédent album, l’ambitieux {Awayland}, qu’à cette nouvelle livraison – toujours pour le label londonien Domino.

Sur ce deuxième disque, on avait senti un gars désireux de s’extirper du carcan du folkeux de base, de chipoter avec des machines sans se prendre pour un sorcier, de se donner de l’air. Bref, {Awayland} offrait des perspectives d’avenir assez intéressantes. Pourtant, deux ans plus tard, et nouveau changement de cap : Villagers fait quelques pas en arrière et débarque avec un disque boisé au possible, qui flaire bon l’isolement et la psychanalyse, et traîne derrière lui tous les clichés nécessaires à l’élaboration d’un bon disque de folk sous cloche.

Mais voilà, des disques qui répondent à un cahier des charges bien établi, il en sort des centaines par an, et ce respect des codes ne peut nullement être assimilé à un quelconque manque d’ambition, surtout si la démarche est assortie d’une certaine exigence de qualité. Et à cet égard, Conor O’Brien s’en sort une fois de plus avec les honneurs. Darling Arithmetic est un disque enregistré en mode home alone, sur lequel O’Brien joue de tous les instruments et un album dont il a également assuré le mixage. 

Mais si l’on oublie un peu ces considérations purement techniques, que reste-t-il ? Un disque court certes, mais qui va à l’essentiel et ne prend jamais la pose. Un disque qui, comme les précédents albums de Villagers, n’a finalement pas besoin de grand chose pour nous foutre des frissons ou des larmes aux yeux. Et puis, comme pas mal de grands albums de folk, Darling Arithmetic est un disque dans lequel un artiste se met à nu sans jamais passer pour un pauvre exhibitionniste qui répand son mal-être dans le seul et unique but d’être plaint ou aimé. Et puis Darling Arithmetic fait partie de ces disques qu’on croit connaître par cœur dès la première écoute, parce que son géniteur sait nous caresser dans le sens du poil, sans y perdre son intégrité au passage. 

Le goût des autres :
7 Maxime 7 Yann