Dark Days/Light Years

Super Furry Animals

Rough Trade – 2009
par Popop, le 8 mai 2009
7

Pendant près d’une décennie, les Super Furry Animals ont été un véritable OVNI de la galaxie musicale britannique. Débarqués en plein apogée britpop, le groupe n’a jamais cherché à surfer sur la vague en question et encore moins à rentrer dans les rangs. Et de fait, jusqu’à la sortie de leur première compilation en 2004 (Singles Vol.1), les Gallois étaient simplement intouchables, repoussant les limites de la pop britannique à grands coups de mélodies lumineuses et d’expérimentations loufoques. Puis en 2005 arriva le premier faux pas, Love Kraft, septième album et premier pour le compte de l’excellent label Rough Trade : pour la première fois depuis le début de leur carrière, les bêtes à fourrure semblaient tourner à vide, passant plus de temps à enrober leurs chansons qu’à les composer.

Deux ans plus tard, le groupe tentait un rétropédalage en catastrophe sur Hey Venus, disque plus pop et spontané, mais il manquait encore quelque chose pour que la sauce prenne vraiment, ce grain de folie teinté de génie qui faisait le charme si particulier de Radiator ou Phantom Power. La bonne nouvelle en 2009, c’est que les Super Furry Animals ont à nouveau bouffé des trucs pas frais, des substances qui font voir le monde en couleurs et rire bêtement en triturant plein de machines en studio. Bon, le problème, c’est qu’ils ont visiblement forcé sur la dose et que ça part un peu dans tous les sens, mais pour la première fois en cinq ans, les Gallois sont à nouveau excitants – au moins sur une bonne moitié d’album.

Car si ses deux prédécesseurs étaient monochromes (tendance pastel voire délavé), Dark Days/Light Years est un disque multicolore, fluo et gueulard, qui réhabilite le racolage hyperactif et les tarifs réduits pour déficients esthétiques. En un mot comme en cent : ce disque est un bordel – au sens le plus noble du terme. Et ça ratisse large au niveau de la fréquentation et des prestations ! Pour le touriste teuton de passage, il y a "Inaugural Trams", petite gâterie pop avec Nick McCarthy de Franz Ferdinand en guest germanophile. Pour le quinquagénaire abîmé par les années, il y a du massage oriental ("Mt") ou une séance de striptease  avec "The Very Best Of Neil Diamond" en fond sonore. Pour le surfeur californien huilé, bodybuildé et nourri aux amphétamines, la maison propose un lapdance électronique inoubliable avec ses "Crazy Naked Girls" à fortes poitrines ("Helium Hearts").

Bref, vous l’aurez compris, il y en a pour tous les goûts et tous les plaisirs (solitaires ou non) sur ce neuvième album plus couillu que jamais et qui sait donner du plaisir. Et si tout n’est pas forcément au top au niveau hygiène (un « White Socks/Flip Flops » qui sent un peu les vieux sous-vêtements souillés), il faut bien admettre que la maison galloise est revenue à un niveau de service plus que correct. Allez, quelques concerts pour caresser le client dans le sens du poil, et on sera généreux sur le pourboire au moment de régler la note.