Cross Ways

Dark Shrimp

CandyRush Music – 2011
par Justin, le 9 mars 2012
7

Il paraîtrait que nous vivons actuellement une sale période pour l'industrie du disque... et ce n'est pas complètement faux. Si depuis des années les ventes physiques sont en chute libre, les amoncellements de chiffres sur tableau Excel semblent parfois insaisissables. Au-delà de la lapalissade d'entrée en matière, cette « crise » a des effets bien plus concrets. En effet, à peine signé sur le label CandyRush Music, Dark Shrimp a tout juste eu le loisir de voir sortir son album que son écurie a mis la clef sous la porte.

Dommage, car au sein du label allemand – tout comme dans le paysage des musiques électroniques – le jeune parisien fait figure d'OVNI, proposant avec son album, le bien nommé Cross Ways, un son à la véritable croisée des chemins, entre club, electro, jazz et lounge. Quelque part entre Laurent Garnier et St Germain, les influences musicales de la crevette noire se marient, se chevauchent et forment, au final, une sorte de joyeuse mosaïque anachronique. De morceaux frisant l'ironie ("Mr F4m€") en purs bangers pour boîte de nuit ("Love Sensation"), Guillaume Perrus, tête pensante du projet, balade son auditeur, jusqu'à l'emmener, sur "Black Mountain", dans un space-trip onirique, bercé par la voix profonde d'une MV qui s'inscrit totalement dans la veine des meilleures vocalistes deep house.

Mais le disque n'est pas qu'allégresse. Jouant l'ascenseur émotionnel, l'effort peut parfois se montrer bien plus sombre, en témoigne un "Electric Flash" aux clochettes et à la ligne de basse pesantes ou "Valley of Darkness", diptyque somptueusement angoissant. L'ensemble, réussi, pêche peut-être par un manque de liant, d'« histoire » pour ainsi dire. Toujours-est-il que l'album mérite d'être découvert en concert, aux côtés d'une véritable formation live, loin des « passeurs de disques » habituels.