Creaturesque

Throw Me The Statue

Secretly Canadian – 2009
par Jeff, le 15 octobre 2009
7

De nos jours, les bons petits disques d'indie américaine, ce n'est vraiment pas ce qui manque. Alors qu'il y a encore dix années de cela, il fallait éplucher les fanzines ou arpenter les allées des médiathèques pour dégotter la perle rare, celle-ci se trouve désormais à quelques clics de souris, ceux-là qui mènent vers la foultitude de micro-labels ou l'arrière-garde des plus grosses machines. Et c'est justement de cette dernière catégorie qu'est issu Throw Me The Statue, groupe originaire de Washington que l'on retrouve pour son deuxième effort sur la toujours très bonne structure Secretly Canadian. Pourtant, on ne peut pas dire que le groupe, qui était plutôt un one-man-band à l'époque, avait fait forte impression avec Moonbeams, album à la bien belle pochette mais dont le contenu, un peu trop rachitique et débraillé, peinait à convaincre.

Mais deux ans après une première réalisation bien pâlichonne, c'est dans une nouvelle configuration et bien accompagné que nous revient la formation centrée autour de la personnalité de son lider máximo Scott Reitherman. Désormais entouré de ses nouveaux hommes à tout faire/faire-valoir — Aaron Goldman, Charlie Smith et Jarred Grimes le songwriter américain poursuit un travail entamé il y a quelques années de cela et qui, pour faire simple, se résume à un hommage en bonne et due forme à quelques-unes des formations les plus enthousiasmantes de la récente histoire de la musique indépendante. En effet, il n'est pas bien compliqué, à l'écoute de ces onze titres, de déceler l'influence qu'ont pu avoir sur Reithermann des groupes comme Built to Spill, Grandaddy, Pavement ou Weezer pour l'écriture, et Belle & Sebastian pour ce chant empli d'une tendre légèreté.

Mais si les fantômes de ces formations séminales planaient déjà sur le premier opus de Throw Me The Statue, il ne fait aucun doute que l'élément Phil Ek est venu modifier fondamentalement une équation dont le résultat tirait il y a peu encore vers le négatif. En effet, les plus soucieux du détail d'entre vous l'auront noté: lentement mais sûrement, le producteur de Seattle s'impose comme une vraie machine à success stories. Ainsi, après avoir officié dans un passé récent sur les albums de Fleet Foxes, The Shins ou The Dodos, le voilà qu'il appose sa griffe sur ce Creaturesque qui s'impose en une quarantaine de minutes comme l'une des bonnes surprises de cette rentrée 2009 grâce à l'instantanéité de son écriture et la variété de style abordés.

Imparfait mais diablement attachant, Creaturesque est tout sauf un disque qui changera votre vie. Il est même fort probable que le groupe retrouve dans les semaines à venir l'anonymat qu'il tente crânement de quitter, relégué au placard par l'énième grosse sortie de cette année 2009. Mais que l'on ne s'y trompe pas, Creaturesque est un disque particulièrement réussi, de ceux que l'on ressort avec une joie non dissimulée à intervalles certes irréguliers.