Cours Lapin

Cours Lapin

Fake Diamond Records – 2010
par Pauline, le 16 septembre 2010
5

Sur le papier, le projet Cours Lapin semble plus qu'étrange, voire même douteux: un collectif de cinéastes danois se met à la musique, choisissant un pseudonyme français un peu niais pour composer des comptines noires aux ambiances vaporeuses. Quand je lis ce genre de description, je ne peux m'empêcher de lever un sourcil et une oreille, et de me questionner... Pourquoi? Comment? Et surtout: pardon?

Alors, qu'en est-il de cet album, concrètement? Cours Lapin est un bien étrange mélange. Au mieux de l'album, Cours Lapin est un groupe mystérieux emmené par une chanteuse inspirée, qui se sert de belles ambiances bien soignées pour nous emmener dans des scènes de films minimalistes. Il y a, dans ce camp, de belles percées. "Cache Cache" est une sorte de course poursuite dans un western gothique, où plâne l'ombre du grand Tom Waits, tandis que "Mes Larmes Secrètes" est un beau tango digne de la fin d'un film de Wim Wenders. Oui, ça, c'est au mieux de l'album. Mais, au pire, Cours Lapin ressemble à un imbroglio de paroles un peu limites (oui, étant français on est en mesure de comprendre les textes, et c'est souvent bien dommage), susurrées par une chanteuse un peu niaise à la Émilie Simon, le tout sur fond de nappes de toy-piano qui n'impressionnent plus vraiment. Les ambiances mélancoliques à la Yann Tiersen des débuts fatiguent un peu, en somme. D'autant que l'album est assez long et que ses 41 minutes s'étalent plutôt laborieusement.

Le problème de cet album-ovni, c'est qu'il nous tiraille entre agacement et possible amour. La chanteuse, quand elle cesse d'être une jolie copie de Stina Nordenstam, devient plutôt une enfant horripilante qui tend du côté des arts de la rue (no offence). Si Cours Lapin était un film (son ambition à peine masquée), il serait un film français inégal et un peu ennuyeux pendant lequel on somnole et qu'on oublie bien vite - cherchez vous-même un exemple, ils sont légion. Et on en est un peu désolé, parce que l'intention n'était pas mauvaise. Mais le résultat est un petit peu raté. Et qui se veut un hommage à l'art français porte finalement tous ses défauts et rime bien souvent avec inégalité qualitative.