Circles

Moon Duo

Subterrain Transmissions – 2012
par Jeff, le 23 octobre 2012
8

Il est des projets parallèles dont on peut questionner l’existence même, ou plutôt la raison d'être. Non pas que le fruit du travail fourni soit de la merde en boîte, mais plutôt parce qu’on se demande pourquoi une personne décide de prendre ses distances par rapport à un groupe avec lequel il s’entend à merveille pour nous pondre un truc qui, à peu de choses près, va ressembler à ce qu’il nous est donné d’entendre habituellement.

Ainsi quand Kele Okereke s'émancipe de Bloc Party pour nous pondre sa daube pour dancefloors dégénérescents, on comprend – à défaut de valider. Par contre, le cas Moon Duo a de quoi laisser perplexe. Moon Duo, c'est cette entité composée d'Erik 'Ripley' Johnson, guitariste et chanteur pour ces explosés du bulbe de Wooden Shjips, et de Sanae Yamada, compagne de ce dernier qui fait aux synthés ce qu’un batteur fait le reste du temps dans un groupe normalement constitué. Troisième album pour un duo lunaire donc, qui avait déjà bien fait parler de lui l’année dernière avec un Mazes très référencé et très réussi.

Et donc, après avoir exploré les dédales (Mazes, donc) de leur imaginaire embrumé sur leur précédente réalisation, les deux Américains s'attaquent cette fois au côté circulaire (Circles, donc) de la perception. Ce qui dénote d'une certaine logique, tant les morceaux de Moon Duo donnent l'impression qu'ils vont s'articuler pendant les 30 prochaines minutes autour du même riff et de la même boucle rythmique. Et qui s'en plaindraient à l'écoute d'un titre comme le psychotropé "Rolling Out". Car comme chez Wooden Shjips, il y a chez Moon Duo, outre une volonté évidente de faire du bel ouvrage, une envie de vriller la tronche avec de longues plages psychédéliques qui donnent envie de se mettre minable au mezcal dans le désert de Californie en compagnie d'une bande de chamanes allumés.

Et à ce petit jeu, on comprend vite qu'il n'y a pas grand-chose à jeter sur un Circles finalement court pour un disque catalogué "psyché" et parfois pop aux entournures - et c'est peut-être là la seule valeur ajoutée par rapport à ce que fait WS le reste du temps. Galette qui se digère en bloc, très efficace dans sa mise en œuvre, Mazes est donc le genre de disque qui se résume en un mot: recommandé.