Cilvia Demo

Isaiah Rashad

Top Dawg Entertainment – 2014
par Aurélien, le 16 avril 2014
6

On aurait mis notre main à couper que l'explosion de Kendrick Lamar aurait pour conséquence la fin tragique de son crew Black Hippy. Mais on doit admettre que notre mauvaise foi légendaire nous a lourdement plantés. En réalité, l'équipe n'en est ressortie que plus soudée, avec un K Dot qui prend l'argent où il faut, tout auréolé de son statut d'héritier de la West Coast, tandis que les copains ScHoolboy Q et Ab-Soul ont livré ou vont livré des sorties qui pèsent lourd. En fait, il n'y a guère que Jay Rock qui demeure dans l'ombre de ses collègues, dans cette position de Ringo Starr du groupe qui est plus que jamais d'actualité.

Avec la récente signature d'Isaiah Rashad, on se dit que la donne risque de ne pas changer tout de suite. Car en dépit de ses apparitions remarquées sur My Krazy Life ou Oxymoron, le rookie avance déjà pas mal d'arguments sur son tout premier projet – appuyé notamment par l'imparable single "Ronnie Drake". Signature TDE oblige, hors de question par contre de faire arriver le projet chez Datpiff: c'est donc sur iTunes que Cilvia Demo a choisi de terminer sa course en février dernier. Et, chose suffisamment rare pour être soulignée, avec une absence quasi-intégrale de gros featurings, qui nous laisse penser que le quatuor de Compton a voulu laisser le jeunot montrer seul ce qu'il a dans le ventre avant de se mêler un peu plus de ses affaires.

On ne pouvait lui souhaiter meilleur décollage, car Cilvia Demo, malgré le jeune âge de son géniteur, démontre un caractère déjà bien trempé. De fait, sa plume d'enfer et sa besace pleine de couplets affolants ne seront pas de trop pour habiller une production bien branlée mais qui manque franchement de coups de tonnerre. Et donc, si Cilvia Demo oublie de faire un peu bouncer, ce premier album assume pleinement son côté laidback, non sans oublier quelques clins d'œil bien sentis à la scène rap d'Atlanta.

Alors certes, le tout manque encore un peu de personnalité et rappelle très souvent les albums un rien trop pépouzes de la légende Devin The Dude. Mais il n'empêche que, s'il ne bouscule pas trop la concurrence, Cilvia Demo démontre que le savoir-faire du bonhomme au micro n'est pas à prouver, et que sa versatilité ne devrait tarder à attirer l'oreille de producteurs plus susceptibles de l'emmener en dehors de sa zone de confort. Voilà donc un album qui se digère sans difficulté, qui fait plaisir dès la première écoute et qui jouit d'une première partie d'album bigarrée et fraîche comme un Dr. Pepper un jour de canicule. Pour le reste par contre, il faudra se contenter de belles promesses...

Le goût des autres :
7 Ruben