Cafard Mondial

Some Tweetlove

Matamore – 2008
par Jeff, le 2 avril 2008
8

Tom Sweetlove, c'était le nom d'un chouette groupe. Il aura fallu qu'un autre Tom Sweetlove, directeur des achats à la FNAC Belgique de son état, ne voie pas d'un très bon œil qu'une bande de jeunes tout ce qu'il y a de plus respectable utilise son nom pour que le groupe se mue en Some Tweetlove. Si c'est en désespoir de cause que le groupe a dû obtempérer, on ne peut s'empêcher de penser que ce lifting forcé leur va à ravir: tout d'abord parce que Some Tweetlove symbolise en quelque sorte l'exact opposé des valeurs prônées et des produits proposés par le géant français. Ensuite, parce qu'il donne encore plus de poids et de signification à la modification de line-up qu'a subi le groupe (un départ pour deux arrivées) et à sa décision de quitter le collectif liégeois JauneOrange (Girls in Hawaii, Hollywood Porn Stars, The Experimental Tropic Blues Band,…) qu'il avait contribué à fonder 5 ans plus tôt.

Pour l'enregistrement de ce Cafard Mondial, le groupe s'est baladé entre Paris et Bruxelles où il s'est entouré de plusieurs amis, parmi lesquels l'ingénieur du son Stéphane Garry (alias Pokett). Une ballade que l'on imagine automnale à l'écoute du disque. En effet, il plane sur ces six plages instrumentales cette mélancolie et cette tristesse qui accompagne généralement le retour des jours froids. Comme pour mieux se protéger, la musique de Some Tweetlove, planante et introspective, est souvent faite de nombreuses couches qui se superposent lentement pour entourer le morceau d'un confortable linceul dont on ne voudrait se séparer. Alternant romantisme sombre à la The National (sur le superbe "Jean-Paul III"), mélodies délicates au superbe dépouillement ("Marchin") et interminables montées obsédantes (sur "L'homme fier"), les groupe maîtrise son sujet et il ne faut que peu de temps avant de tomber sous le charme de l'univers touffu des Belges.

Après V.O. et Half Asleep, c'est un nouveau coup de maître pour la structure indépendante Matamore qui continue d'explorer la veine "songwriting sensible" avec toujours autant de réussite.