Burn Your Fire for No Witness

Angel Olsen

Jagjaguwar – 2014
par Jeff, le 20 février 2014
8

Quand votre boîte mail comme votre boîte aux lettres deviennent avec le temps un foutoir pas possible où les envois promotionnels s’entassent, sabordant insidieusement votre productivité, il est bon d’arrêter de chercher la perle rare et de se recentrer sur les valeurs sûres. Parce qu’un artiste que l’on chérit revient aux affaires, ou parce qu’un label qui ne nous a jamais déçu a une nouvelle sortie à défendre. Dans le cas d’espèce, c’est la seconde option qui nous amène à évoquer le cas d’Angel Olsen, qui sort son deuxième album sur Jagjaguwar – son premier pour la maison américaine. Pour rappel, Jagjaguwar, c’est aujourd’hui Foxygen, Black Mountain ou Unknown Mortal Orchestra. Et Bon Iver ou Okkervil River hier. Soit des balises assez solides dans un paysage indé américain qui déroule du talent à perte de vue. Jagjaguwar, c’est aussi Sharon Van Etten. Une artiste dont le parcours évoque des parallélismes avec Angel Olsen. Le plus essentiel, outre des ressemblances dans la forme de l'œuvre, étant que ces deux demoiselles arrivent toutes les deux à maturité sur la structure. En effet, comme Sharon Van Etten avec l’impeccable Tramp en 2012, Angel Olsen débarque sur le label de Bloomington, dans l’Indiana, avec un album qui sonne comme l’affirmation d’un talent qui se dessinait déjà de façon claire sur Half Way Home il y a deux ans. A l’époque une artiste dont la timidité était autant un frein qu’un atout cœur, Angel Olsen est aujourd’hui une songwriter qui ne se cache plus derrière quelques arpèges délicats et une voix souffreteuse pour affirmer ses intentions. Burn Your Fire for No Witness, c’est une affaire d’ambition, c’est une vaste palette d’émotions, c’est beaucoup de tension, et c’est globalement un disque de country-folk qui en a pas mal dans le string. Un véritable bond qualitatif qui va usiner du like et justifie les écoutes répétées, tant celles-ci permettent de mieux appréhender les différentes strates qui rendent Burn Your Fire for No Witness à la fois touffu dans son déchaînement de bonnes idées, mais résolument aéré et fluide dans son exécution. Beau et attachant, tout simplement.

Le goût des autres :
8 Denis