B.Sharpa

Ben Sharpa

Jarring Effects/Pioneer Unit – 2010
par Simon, le 23 janvier 2010
7

Avant de se pencher sur la moindre considération musicale, il faudra souligner l’incroyable aventure de Ben Sharpa, celle-là même qui l’amènera à devenir l’un des emcee les plus respectés du grime anglais. Natif d’une banlieue pauvre de Johannesburg, Ben Sharpa a connu l'exil vers les Etats-Unis avant d’atterrir à nouveau dans des banlieues, londoniennes cette fois. Une fois sur place, le nom de ce nouveau grime hero est parvenu jusqu’aux oreilles de la prêtresse Mary Anne Hobbs (pour ne pas changer) pour terminer à l’affiche de Glastonbury en 2007. Mais pour son premier véritable album, il fallait au Sud-Africain un argument de poids, que celui-ci s’est empressé d’aller chercher dans la présence à ses côtés du « Planet Mutien » Milanese, producteur dubstep idéalement placé pour tailler une bavette grime aux limites de l’electro/indus.

À partir de là, Ben Sharpa peut dérouler son flow de manière tranquille, l’essentiel de la production étant taillé sur mesure pour obtenir des banger allant du terrorisme electro/grime/dubstep à des productions bien plus posées, largement influencées par son passé strictement hip-hop. On pensera instinctivement aux grandes pointures de la scène grime anglaise, de Virus Syndicate (qui s’étaient eux aussi trouvé un mécène dubstep en la présence de MRK1) à Wiley ou dans une moindre mesure à Skepta. Pas étonnant puisque toute la science grime est là : urgence et verve vocale assurée, lyrics au vitriol et ambiances instrumentales oppressantes autant que puissantes. D’autres auraient parlé de conscience qu’ils n’auraient pas eu tort. Mais s’il est bien un coup de maître qui s’appréciera sur toute la longueur de cet album (presque) éponyme, c’est qu’il tient debout sans fatiguer, loin des clichés récurrents du genre (qui a parlé de Dizzee Rascal ?), justifiant ainsi sa présence persistante sur le haut de la platine.

Il n’y a pas grand-chose de plus à rajouter aux intentions de Ben Sharpa, celui-ci se pose avec justesse au milieu d’une scène qu’on connaît très observatrice des allers et venues de ses membres, cette donnée étant la preuve suffisante qu’on tient un bon cru du genre. L’écoute ne fera que confirmer nos dires et c’est donc tout naturellement qu’on peut vous conseiller cette nouvelle plaque au label « Made in England » pas tout à fait certifié. L’inter-culturalité a encore frappé, et ça fait du bien.