Broken Hymns, Limbs and Skin

O'Death

City Slang – 2008
par Romain, le 1 novembre 2008
8

Généralement quand on vous parle de musique traditionnelle tournée à la sauce punk, ce sont des groupes comme Flogging Molly qui vous viennent en tête immédiatement, du moins si vous aimez la Guiness et les trèfles. Si vous êtes plutôt tzigane dans l’âme et que c’est la bombarde qui vous fait vibrer, vous penserez alors à Gogol Bordello. Mais si ce sont les champs de coton, le bayou et le bourbon tiède qui remplissent votre imaginaire, c’est O’Death qui vous comblera.

Originaire de New York (non, rien à voir), O’Death est un quintette de sympathiques barbus multi-instrumentalistes qui taillent un punk folk particulièrement éclectique à coups de banjo, de violon, de guitare acoustique et d’autres « trucs » plus ou moins habilités à produire de la musique. Réputés pour leur prestation scénique tapageuse, ils fabriquent aussi des albums au caractère bien trempé. Après Head Home l’auto-produit qui avait été timidement salué, voici Broken Hymns, Limbs and Skin, un nouveau tourbillon d’énergie flambée au whisky.

On démarre au quart de tour avec Low Tide, Fire On Peshtigo et Legs To Sin qui incarnent véritablement le coté punk et bougeant de l’album : caisse claire fracassée et archet trituré, on se dit déjà que le pied  battra le rythme ou ne battra rien du tout, et ce pour un bon moment. Ca reste vrai avec Mountain Shifts, chanson à boire de la mauvaise bière par excellence. Mais dès Vacant Moan, on touche à autre chose : entre les pointes de violons surexcités on entraperçoit quelque chose de plus morose, un brin de mélancolie qui viendra donner une couleur plus terne à Broken Hymns. Ainsi se succèdent des balades comme Grey Sun et Home qui rappellent furieusement des titres comme l’excellent Bukowski de Modest Mouse sur Good News For People Who Love Bad News. Même americana désabusée, mêmes nasillements façon Neil Young (qui n’est jamais très loin), même banjo « boite à musique »… Exit le gai melting-pot des premières minutes, c’est désormais une odeur de cendre froide qui flotte dans les airs.

La seconde partie de Broken Hymns enchaîne les exercices de style avec Leininger, résolument gypsy, et Ratscars, résolument bluegrass dont le ton enjoué n’éloigne pas totalement le je-ne-sais-quoi de lendemain de fête des précédents morceaux. On termine enfin sur une balade sentimentale dans les règles (Angeline) et son pendant acidulé (Lean-to) proclamant crescendo : « I’m gonna leave you ‘til the morning comes ! »

Broken Hymns se révèle dans toute son exubérance comme un album très complet. La franchise punk révèle un monde tout en nuance qui touche le cœur dans l’instant. Et si le coté formaté d’autres formations « trad » a tendance à vous lasser, nul doute qu’O’Death rattrapera le coup.