Bonjour Fucker

Hard Working Boss

Microcultures – 2013
par Pauline, le 7 août 2013
8

Bonjour fucker. Jim Sheppard aka Hard Working Boss, a le meilleur nom de disque de l’année, sans aucun doute possible. Et il n’est pas loin d’être aussi la plus jolie découverte que la canicule de l’été 2013 nous apportera. La pochette annonce la couleur. Un collage de lettres et d’images, dans des matériaux un peu cheap qui ravivent enfin la fibre DIY dans nos cœurs avides de retrouver un peu de simplicité. Et si c’est en plus l’excellent label de crowdfunding Microcultures (Phantom Buffalo, c’était eux) qui soutient le projet, on dit banco.

On ne sait pas si l’énième revival prendra ou pas, mais les treize titres de Bonjour Fucker font croire au retour de la pop lo-fi voire même, n’ayons pas peur des mots, d’une twee un peu dark. Après avoir connu plusieurs phases dans les années 90, puis un petit sursaut dans les années 2000, le nombre de groupes bricolant une pop torturée et lo-fi dans leur chambre a chuté. C’est encore plus agréable, à la lueur de ce manquement, de voir Hard Working Boss ressusciter l’insouciance des débuts de Belle & Sebastian, et du bon vieux temps où des Julie Doiron et Herman Düne étaient en pleine phase créative. De la folk pour freaks, des guitares légères, un songwriting fin et chargé d’humour, voire même d’un cynisme qui fait toujours du bien (“Darwin, you son of a bitch, you had it right all along” chante-t-il), Hard Working Boss ouvre une nouvelle page d’un livre que l’on connaît bien.

Ce petit disque minimaliste est fait de treize titres sans fautes qui claquent comme une révélation. Ces quelques morceaux n’ont peut-être pas beaucoup de moyens, mais ils ont de l’ambition et ne s’interdisent ni de grandes ballades ("Jazzmag"), ni des folies au synthé (“Darwin”) et même pas un bon rock bien rétro ("Church"). Bonjour Fucker, malgré son titre passif agressif est un disque couvert de tendresse, comme fait à la maison, capitonné et confortable, un petit cocon bizarre et doux. On y name droppe des artistes (Elton John, Gus Van Sant), des séries (Twin Peaks), on y découvre une personne et un univers en filigrane. Côté mélodie, Bonjour Fucker ne s’appuie que des instruments que l’on peut jouer assis en tailleur sur son lit : guitare acoustique, synthés de poche qui apportent une petite touche électro bizarroïde bienvenue. Le tout accompagné de boîtes à rythmes qui finissent le travail.

L'album d'Hard Working Boss est un disque sincère et un peu autiste, qui vient de cet endroit qui, on ne sait pas trop pourquoi, n’inspire plus trop les artistes. Le parfait mix entre légereté et cynisme. Pour aider les freaks et les geeks à finir leur été en musique.