BLACKsummers'night

Maxwell

Columbia – 2009
par Soul Brotha, le 2 décembre 2009
4

La nu soul, on le sait, est une musique qui regarde beaucoup trop son nombril. Traumatisés par une série d'albums imparables sortis entre le milieu des années 90 et le tout début des années 2000, la plupart des grands noms de cette scène ainsi que les artistes émergents ont toutes les peines du monde à renouveler le genre, se contentant surtout de réutiliser les vieilles recettes - ce qui, outre un manque d'inspiration, assure aussi un succès public minimal.

Maxwell, star du genre s'il en est, se place totalement dans cette optique. Son dernier album (le contesté Now) date d'il y a huit ans et, après de multiples reports, ce BLACKsummers'night débarque et est annoncé comme le premier volet d'un triptyque. Le chanteur est connu pour ses ballades langoureuses portées par sa voix de velours mais aussi, et on a tendance à l'oublier, pour ses jams funky endiablés. L'ambiance d'un album comme Urban Hang Suite (1997) démontre que Maxwell est bien plus qu'un vulgaire crooner à minettes.

Pourtant, sur ce nouveau disque, cette facette-là est totalement absente ou presque. Les rares fois où les BPM s'élèvent un peu, ça n'a rien de funky, on a plutôt à faire à une sorte de R'n'B incolore, sans caractère. C'est au mieux ennuyeux ("Cold") et au pire crispant ("Help Somebody"). Seul le bondissant "Phoenix Rise" à la fin détonne carrément, comme si ce morceau venait d'un autre album (le prochain volet du tryptique, Summer's?). En fait, la part belle est faite aux slow jams, les fans du genre en auront pour leur argent.

Sans vouloir entrer dans la polémique, on peut quand même se demander l'intérêt d'une telle démarche, surtout après huit ans de silence. A la rigueur, si toutes ces ballades étaient habilement produites, pourquoi pas, mais non, même pas. Les bases mélodiques sont assez alambiquées et peu prenantes, les instruments monotones, tout cela est joué sans grande fougue. Seule la voix de Maxwell sort un peu l'ensemble de la torpeur et encore, il utilise beaucoup trop sa voix de tête.

Bref, BLACK peut être considéré comme une franche déception. Après huit années de silence, Maxwell nous livre un album d'une incroyable platitude et au manque de caractère patent. Et puis merde quoi, tout ça est bien trop guindé, trop sérieux, ça aurait été trop demander un peu plus de Cool ou, plus prosaïquement, de basse? Réussir un album de ballades est une entreprise compliquée, impossible sans grand talent ni inspiration à la production. Même vocalement, si tout ça est très propre, un peu plus d'implication n'aurait pas fait de mal. Espérons que le prochain volet de ce triptyque saura corriger le tir.

En attendant, c'est un véritable coup d'arrêt artistique pour l'auteur de "Sumthin' Sumthin'" ou de "Get To Know Ya". Et vous savez le pire dans cette histoire? C'est que les ventes de l'album sont au beau fixe des deux côtés de l'Atlantique, montrant la (mauvaise) voie aux futurs albums nu soul. Pour dire les choses autrement: dans les mois à venir, on va en bouffer de la bluette à l'eau de rose.