Blackout! 2

Method Man & Redman

Def Jam – 2009
par Soul Brotha, le 30 mai 2009
5

Quand ils ne font pas les andouilles dans des buddy movies, des albums solos de qualité variable ou encore des featurings un peu partout, Method Man & Redman composent des albums ensemble. Dix longues années après le carton de Blackout!, association détonante de deux des plus grands MCs de la East Coast, ce deuxième opus débarque au cœur d'une actualité hip hop toujours plus moribonde.

Quand on connaît les talents de la tornade du New Jersey et du technicien du Wu-Tang Clan, on sait que la question de la qualité derrière le micro ne se posera pas. Redman est toujours aussi impressionnant avec son flow de mitraillette tandis que Meth et son timbre de voix si charismatique fait aussi le boulot de façon assez efficace. Les deux zozos n'ont pas vraiment besoin de forcer leur talent pour rendre une copie plus que correcte à ce niveau-là.

La liste des producteurs est, elle, impressionnante. Loin des impératifs commerciaux du moment, le duo a choisi de faire confiance à des requins de studios habitués à ce genre d'exercices. Sur le papier, l'idée est réjouissante mais dans les faits, la déception est de mise. L'ensemble est plutôt correct mais il ne ressort pas de "tuerie". Pete Rock confirme son inexorable ringardisation avec "A Yo" (écrire une telle phrase est d'une tristesse sans nom lorsqu'on sait ce que ce nom a signifié dans le passé) quand Erick Sermon ("Dangerous MCees") ou Rockwilder ("A Lil' Bit") sont juste corrects. Il faut compter sur Bink! (beatmaker pour le Blueprint de Jay-Z ou pour Kurupt) pour avoir un son un peu plus efficace ("Four Minutes To Lock Down"), boosté il est vrai par les deux derniers soldats du Wu-Tang encore debout, en l'occurrence Ghostface Killah et Raekwon.

Correct, voilà un mot qui convient parfaitement à l'analyse de Blackout! 2. On pourrait s'en satisfaire pour un jeune rappeur aux moyens limités mais avec une telle force de frappe, ce n'est pas le cas. Quand deux des plus grands MCs actuels, entourés d'une troupe de producteurs solides et fiables se réunit pour faire un album, ça doit donner quelque chose de bien plus explosif. Au final, on a un album de qualité acceptable mais visiblement alourdi par le manque d'idées, de fraîcheur et d'envie de l'ensemble des acteurs. Si c'était pour faire une simple resucée du premier album (comme semble l'indiquer ce titre peu imaginatif), ce n'était pas la peine. Triste époque que celle où même les plus respectables des artistes se mettent à dérailler.

Le goût des autres :
7 Amaury L