Ballad Of The Broken Seas

Isobel Campbell & Mark Lanegan

V2 – 2006
par Nicolas, le 10 septembre 2006
8

Imaginez l’espace de quelques instants l’union des contraires : l’eau et le feu, le froid et le chaud, la belle et la bête, l’ange et le démon ou encore… Isobel Campbell et Mark Lanegan. Comme toute histoire de ce genre, leur rencontre fut le fruit du hasard. Ou plutôt d’un concert des Queens Of The Stone Age à Glasgow. Voilà qui résume à merveille le passé de notre duo de charme : la divine Isobel n’est rien d’autre qu’une ancienne sociétaire des Ecossais de Belle & Sebastian alors que le ténébreux Mark, ancien leader des ex-Screaming Trees, a collaboré avec le groupe de Josh Homme. Après leur rencontre fortuite, ce diable de Lanegan tenta la belle qui ne sut résister : ensemble, ils allèrent enregistrer Ballad Of The Broken Seas. En plus de craquer, Isobel se coltina l’écriture des morceaux qu’elle ira présenter à Lanegan à Los Angeles. Une bien belle histoire était née, à l’image du duo formé en son temps par Nancy Sinatra et Lee Hazlewood.

A l’écoute de ce Ballad Of The Broken Seas, on remarque que le contraste existant entre ces individus est encore plus saisissant qu’on ne se l’imaginait. D’une part, nous avons Mark Lanegan dans le rôle du vieux cow-boy avec sa voix rauque de crooner que l’on verrait aisément marcher dans la boue, une clope au bec. D’autre part, nous avons affaire à son contraire avec Isobel Campbell dans le rôle de la princesse qui, à l’image de sa voix enchanteresse, ne touche plus terre. Quant à leur rencontre, elle a lieu sur les douze plages de Ballad Of The Broken Seas qui sentent bons les effluves de la pop sixties ("Honey Child What I Can Do", "Do You Wanna Come Walk With Me ?"), de la country ("Deus Ibi Est", "Black Mountain") et du blues ("Ramblin’ Man" de Hank Williams). Mais peut-on réellement parler de tête-à-tête entre ces deux êtres qui, d’un bout à l’autre, ne font que se chercher pour mieux s’esquiver ? De complaintes en élégies, Ballad Of The Broken Seas et ses cordes à fleur de peau témoignent que cette impossible union débouche sur une belle réussite à laquelle on reprochera seulement un léger manque de folie. Quoi qu’il en soit, entre gravité et légèreté, ce disque arrive à nous faire contempler les étoiles plutôt que le bourbier dans lequel on est empêtré. On attend donc de pied ferme Milk White Sheets, second volet prévu pour fin 2006 et dans une veine plus folk.

Le goût des autres :
8 Laurent