Alphabetically Arranged

Best Fwends

Moshi Moshi Records – 2007
par Simon, le 4 septembre 2007
6

Avant tout, l’éclosion d’un groupe comme Best Fwends doit, à n’en point douter, beaucoup aux temps qui courent et à la mentalité qui en découle. En effet, ressortir ses vieilles influences du placard pour en faire une soupe générale est devenu affaire courante dans le 21st century. On pourrait reprocher tous les griefs à cette génération qui à tort de n’avoir rien inventé, a le mérite d’avoir tout revisité ; on ne pourra par contre jamais leur imputer un quelconque manque d’originalité dans la forme. Best Fwends, jeune duo texan sorti récémment de sa cave, fait donc honneur à cette génération qui l’a vu naître, se servant de cette ère du « je-m’en-foutisme » pour assumer son caractère bâtard et bordélique.

Best Fwends fait de cette musique désordonnée, un mélange de tout ce qui a pu passer à la hauteur de leur oreilles durant une adolescence apparemment bien chargée en influences diverses. Leur musique s’apparente aux tiroirs mal rangés d’une chambre d’ado où l’on retrouve souvent à côté des vieilles cartes de baseball un magazine porno usé par le temps, du vieux matériel scolaire délaissé, un vieux cd mal gravé, des photos d’une ex que l’on tente d’oublier, une lettre d’excuse à un vieil ami celui-ci oublié. Remplaçant ces vieux ustensiles surannés par du punk, du hip-hop, du grunge, du grime, big beat et autres, vous ne serez pas loin du joyeux fourre-tout proposé par les Texans, comment aurait-il pu en être autrement d’un groupe jouant ses soirées à partir d’un vulgaire ipod en guise de matériel ? Et comme pour ce tiroir, on passe de l’essentiel à l’anecdotique sans jamais relever un manque de passion dans la découverte progressive du souk cataclysmique en présence.

Les 34 titres (dont quatre remix) défilent à une vitesse supersonique et prennent facilement l’auditeur à revers, on passe d’un tube s’apparentant aux The Distillers dans une version droguée à ras bord (« Ultimate Teem ») à un big beat rappelant The Prodigy époque The Fat of The Land(« Diet Coke Heap »), sans oublier les drôlissimes « Days Seem Shorter », « Skate or Live », ou le terrible« M.Y.S.E.L.F. ». Et si cette formation confond parfois vitesse et précipitation, rien ne semble en mesure d’arrêter une déferlante qui ne semble pas porter outre mesure de considération à ces analyses d’intellectuels (quoiqu’on apparaît vite pour des intellectuels devant Best Fwends). Laissez-vous tenter par ce son mal léché, sûr que vous pourrez trouver vous aussi dans ce tiroir en manque de rangement l’objet de votre bonheur.