Accursed Skin

Teitanblood

Norma Evangelium Diaboli – 2017
par Simon, le 20 janvier 2017
8

On pourrait passer des heures à discuter de la coolitude la plus totale de Teitanblood mais on va faire court :

1) ils sont espagnols, ce qui est toujours iconoclaste quand tu joues du metal extrême; 
2) ils ont un logo qui éclate à peu près tout le metal jeu;
3) ils ont le nom de groupe le plus épique depuis Agoraphobic Nosebleed;
4) leurs pochettes ultra old-school gagnent toujours la guerre de l’image; et enfin
5) ils sont tellement obscurs que même les habitués continuent de prendre claque sur claque sans rien comprendre.

Bref, heureusement que les fans de Deafheaven ont des goûts de fillettes sinon ce groupe jouerait déjà à Coachella tant il affiche une dégaine de gros pimp. Teitanblood c'est un un blackened death éreintant, millimétré malgré son côté cacophonique et surtout totalement imparable. Enfin, tout ça, vous êtes censés le savoir puisqu’on vous avait déjà vanté tous les mérites de Death dans une chronique sortie il y a maintenant trois ans.

En substance, on racontait que ce LP était une merveille de violence, sorte de mélange parfait entre le gras du deathmetal, l’angoisse et la méchanceté du black metal et la technicité du heavy metal. Un produit normalement taillé pour jouer des titres de deux minutes mais qui se plait à s’étendre sur des durées allant de dix à quinze minutes. On ne pouvait donc pas manquer le retour des Basques pour ce Accursed Skin, EP qui intervient après une attente beaucoup trop longue par rapport à tout ce qui a été dit plus haut.

Deux titres pour vingt-cinq minutes. Première frustration, qui s’accompagne rapidement d’une deuxième puisque « Sanctified Dysecdysis » ouvrait déjà Woven Black Arteries sorti en 2012. On le comprend aisément, cet EP a pour vocation de présenter le Teitanblood nouveau avec le titre éponyme. Et punaise, qu’est-ce que c’est bon. Que les plus paniqués se rassurent, le maelström est indemne : le chanteur hurle avec sa voix souvent doublée voire triplée, ça blaste comme en quarante, les riffs sont pachydermiques et le duo continue d'exploser des rotules à la batte en alu.

Le premier titre durant la bagatelle de quinze minutes, une attention toute particulière est ici apportée à la narration, cœur véritable de l’évolution du duo. Le groupe prend maintenant le temps de jouer avec les ambiances, d’écrire en chapitres véritablement distincts - une introduction hantée avec des grooves au ralenti, une fin de titre qui se décompose magnifiquement et une production qui donne un maximum de relief à l'ensemble.

Le deuxième titre, qu’on imagine un poil remasterisé, montre un Teitanblood plus direct mais pas moins inspiré. Toute l’essence de leur musique est là : le combo basque est une hydre impossible à éviter quand elle se met en marche, une masse sonore qui punche de partout. L’occasion de redécouvrir non sans plaisir un groupe que beaucoup, nous y compris, ont découvert avec leur monstrueux deuxième album, Death. On se retrouve donc avec un deux-titres viscéral et essentiel de la part d’un groupe qui s’impose comme l'un des meilleurs du death metal actuel, incarnation de toute la pertinence de la scène en 2017. Et dire qu’on attaque l’année avec ceci, ça promet pour le reste.