A Wasteland Companion

M. Ward

Merge Records – 2012
par Pauline, le 18 mai 2012
9

Récemment, on trouvait systématiquement M. Ward flanqué de la it-girl indie Zooey Deschanel, à servir de gratteur de guitare et choriste à leur pop doucereuse. Pas que She & Him ne soit pas un groupe sympathique, il servent une bonne folk un peu guimauve qui se sifflote en allant faire ses courses, mais M. Ward avait commencé une carrière bien plus prometteuse en solo, il y a une dizaine d’années. Et depuis qu’on avait découvert la beauté fragile de son Transfiguration of Vincent en 2003, on avait plutôt envie de le voir reprendre ses compositions introspectives fissa.

M. Ward est une personnalité à part dans le paysage pop folk. Déjà parce qu’il n’est pas particulièrement bon sur scène, pas très charismatique, plutôt timide, réservé, peu loquace en interview… Tout ce qu’il a à dire, à montrer, toutes ses réflexions, il les garde pour ses chansons. En une poignée d’albums, il a pourtant réussi là où beaucoup échouent. En créant une empreinte sonore, faite de guitares étouffées, d’une voix douce, de paroles d’une rare beauté, il s’est véritablement démarqué du troupeau. Il a trouvé la recette parfaite pour proposer une musique gracieuse qui offre une attention particulière au détail. Une musique d’orfèvre, taillée au millimètre, dont il se détache uniquement pour s’amuser au sein de She & Him.

A Wasteland Companion intervient donc après une longue parenthèse de trois ans, nécessaires pour encaisser la déception relative de son Hold Time. On a découvert l’album par un très beau premier single, "The First Time I Ran Away", dans lequel le chanteur mettait son cœur à nu : fini de batifoler à des festivals ou de faire le tour du monde avec ses copines chanteuses, il a su retrouver la solitude de la composition. Plus que jamais, A Wasteland Companion est un album solitaire et introspectif. Où il décante la beauté pour en retirer un filtre magique qu’il applique à toutes ses chansons. Et il n’y a pas un seul titre sur lequel cette formule miracle ne fonctionne pas.

Avec sa virtuosité tranquille, son songwriting merveilleux et ses pirouettes musicales, M. Ward dévoile certaines des plus belles compositions de sa carrière : "Clean State", "The First Time I Ran Away" et "Pure Joy" sont des instants de bonheur intense. De l’album, on ressort avec une certitude : M. Ward est de retour. Il ne s’était jamais égaré, jamais perdu, il ne faisait que continuer à tracer une route déjà esquissée avec ses premiers disques. Il suit un plan, bien précis, de disque en disque, et s’il s’égare parfois, ça n’est que pour mieux retrouver l’essence de sa musique. Le guitariste prend de plus en plus d’altitude, tranquillement, sans rien brusquer. On sait que toute incartade, tout disque plus faible, ne sera que sa façon d’arriver à son but : proposer des merveilles à la hauteur de ce Wasteland Companion essentiel.

Le goût des autres :
7 Laurent 8 Maxime 6 Amaury L